Procès de l'affaire Théo: le policier auteur du coup avance la légitime défense

Réquisitoire attendu ce jeudi au procès de l'affaire Théo à Bobigny. Trois policiers sont jugés pour des violences volontaires et encourent de 7 à 15 ans de prison pour le principal accusé, auteur du coup de bâton télescopique qui a provoqué des séquelles permanentes à Théo Luhaka le 2 février 2017.
Le policier, qui était interrogé en dernier ce dernier, a nié avoir voulu blesser le jeune homme et a parlé de légitime défense. Il admet avoir porté neuf coups à Théo Luhaka, qui s’opposait à son interpellation. Mais il ne reconnaît qu’un geste illégitime: une gifle. Quant au coup de bâton télescopique qui a blessé grièvement le jeune homme dans la zone péri anale, le policier l’a toujours qualifié de réglementaire, en légitime défense pour protéger un collègue.
“J’ai porté un coup proportionnel au danger et pas démesuré”, répète-t-il à la cour. “Vous portez ce coup d’estoc quand vous êtes très atteint par le gaz lacrymogène. Vous n’avez pas vos lunettes et vous maintenez que vous visez le haut de la cuisse?”, demande l’avocat général. “Oui, j’étais lucide”, assure le policier.
Sur question de son avocat, le policier s’adresse à Théo Luhaka avant de quitter la barre. “Je compatis à votre douleur, même si vous me détestez”, indique-t-il.
Théo Luhaka "rassuré"
Le verdict est attendu vendredi. Sans surprise, l’avocat général, qui a porté l’accusation pendant les débats, devrait demander la condamnation des trois policiers pour violences volontaires. Théo Luhaka, qui s’est exprimé pour la première fois mercredi en dehors de la cour d’assises, est apparu confiant.
“Grâce à ce procès, on a réussi à mettre des choses en place, à remettre la vérité dans l’ordre. L’avocat général a fermement insisté sur le fait que ma parole vaut autant que celle d’un policier. Ça m’a rassuré. J’attends l’issue du procès et j’espère qu’après ça, nous arriverons à un résultat positif”, a-t-il assuré.
Dans la foulée des réquisitions, Thibault de Montbrial, l’avocat du principal accusé, auteur du coup de bâton télescopique, plaidera la légitime défense.
“L’un de ses collègues était par terre, sous les jambes de monsieur Luhaka. Il a eu l’impression que ce collègue était piétiné et il a agi dans le cadre de la légitime défense d’autrui puisqu’il a protégé son collègue avec la proportionnalité pour maîtriser quelqu’un qui refuse de se laisser interpeller”, pointe-t-il.