Un sédatif profond plus facilement accessible: "Une vraie bonne nouvelle", saluent des médecins généralistes
Un sédatif bientôt disponible en pharmacie pour les soins palliatifs à domicile. Les "médecins qui prennent en charge des patients en fin de vie à leur domicile" pourront obtenir du Midazolam auprès des pharmacies d'ici 4 mois, c'est ce qu'a annoncé lundi le ministère de la Santé.
Le même jour, la Haute Autorité de Santé (HAS) a justement demandé une plus grande accessibilité au Midazolam, ce puissant sédatif utilisé pour mettre en oeuvre des sédations profondes et continues jusqu'au décès.
Une décision qui intervient après une pétition signée par plus d'un millier de médecins (1.121) depuis début janvier. Ils demandaient la réintégration d'un collègue soupçonné d'avoir aidé plusieurs patients à mourir avec du Midazolam.
"C'est une vraie bonne nouvelle"
Un sédatif autorisé uniquement dans les pharmacies des hôpitaux, inaccessible aux médecins de ville. Une anomalie qui ne permettait pas aux médecins de respecter la loi Leonetti qui autorise, sous certaines conditions à soulager les patients en fin de vie.
Les médecins de ville étaient donc demandeurs de cette évolution et sont satisfaits. Médecin aux Ulis (Essonne), le docteur Pascal Charbonnel ne nous dira pas s'il a déjà fait "des entorses aux règlements" pour accompagner des patients en fin de vie. Ce médecin généraliste ne sera plus démuni, quand d'ici quatre mois, il pourra se procurer le puissant sédatif pour soulager certains patients à l'agonie.
"C'est une vraie bonne nouvelle. Ce que les patients nous demandent c'est: 'S'il y a besoin, serez-vous là'. C'est extrêmement apaisant, pour l'entourage, pour les autres soignants, de savoir qu'on a ces moyens techniques. Ce qu'il faut bien comprendre c'est que les patients en ville n'avaient pas les mêmes soins que s'ils étaient à l'hôpital. J'apprécie que la ministre réagisse aussi vite pour corriger cette inégalité d'accès aux soins."
"Il faut mettre fin à cette a priori d'incompétence du médecin généraliste"
La décision sera collégiale explique le ministère: le médecin de ville et une équipe mobile ou un service hospitalier. Mais Jean-Paul Hamon, le président de la fédération des médecins généralistes, redoute une procédure trop lourde.
"Il y a la volonté de contrôler, encore et encore, le médecin généraliste qui accepte de prendre en charge un patient qui lui fait confiance, qui lui a demandé de l'accompagner. On voit bien qu'ils veulent imposer la présence d'une équipe supplémentaire, c'est inacceptable. Il faut mettre fin à cet a priori d'incompétence du médecin généraliste. En ville, c'est le médecin qui parle avec le patient, avec l'infirmier libéral et avec la famille du patient.? C'est ça la collégialité."
Ils espèrent tous les deux, qu'après une telle décision, le médecin normand suspendu et mis en examen fin novembre pour s'être procuré du Midazolam
pourra de nouveau exercer.