La Chine lance une vaste programme pour... contrôler la météo: comment ça marche?
Pékin veut faire la pluie et le beau temps. Littéralement.
Alors que la tempête Bella continue de balayer une partie de la France, et si l'on pouvait contrôler les éléments pour éviter les catastrophes naturelles? C’est l’ambition très sérieuse de la Chine.
Pékin vient d’annoncer un vaste programme de "modification météorologique". En clair: faire pleuvoir à la demande, afin de lutter contre la sécheresse, d’éviter la grêle ou encore d’augmenter les rendements agricoles.
La technique n’est pas neuve: baptisée "ensemencement des nuages", elle consiste à saupoudrer les nuages de composés chimiques qui accélèrent les précipitations. D’un point de vue technique, ce n’est pas nouveau: les premières expériences datent des années 50.
Concrètement, on va saupoudrer les nuages – souvent par un avion spécialement équipé – d’iodure d’argent, ce qui va entraîner une condensation des particules d’eau, qui deviennent trop lourdes et tombent du ciel sous forme de pluie. Dit simplement, on "crève" les nuages et on accélère l’arrivée de la pluie. Ca permet de "forcer" la pluie en cas de sécheresse, mais aussi d’empêcher des grosses billes de grêles de se former dans les nuages et de les faire tomber sous forme de pluie, moins dangereuse.
9 fois la surface de la France
Bref, on fait de la météo à la demande. Jusqu’ici, la Chine le faisait de façon très ciblée. C’était le cas, par exemple, pendant les Jeux olympiques de Pékin, où on avait fait crever les nuages pour faire en sorte que la cérémonie d’ouverture se déroule à 100% sous un ciel bleu... Mais cette fois, la Chine veut étendre cette zone de contrôle climatique à un territoire de 5,5 millions de km2, d’ici 2025, soit la moitié du pays, 9 fois la surface de la France.
S'il y a toujours des doutes scientifiques sur l’efficacité réelle de cette méthode, les experts estiment que l’ensemencement permet d’augmenter la pluie de 10 à 20% sur une zone donnée: elle permet d’accélérer la pluie, mais pas de créer des nuages…
Ce qui n’empêche pas des dizaines de pays de s’y intéresser de près: Russie, Etats-Unis, Emirats Arabes Unis, Australie, même la France. Mais la Chine est le champion du monde toutes catégories: elle a massivement investi avec près d’un milliard et demi d’euros entre 2012 et 2017. Aujourd’hui en Chine, 35.000 personnes travaillent sur l’altération des nuages, vous avez même un très officiel "Bureau des modifications météorologiques".
Quelles conséquences à l'avenir?
Sans même parler des usages militaires: pendant la guerre du Vietnam, les Etats-Unis ont utilisé l’ensemencement des nuages pour tenter de perturber l’approvisionnement de l’ennemi, provoquer des glissements de terrain. Sans qu’on sache vraiment si ça a fonctionné…
Au début de l’année, les Emirats Arabes Unis ont utilisé cette technique pour faire pleuvoir dans le désert, avec, pour conséquences des inondations à Dubaï, avec des accidents, des glissements de terrain, parce que la ville n’était pas préparée.
Et surtout, quand on parle d’utiliser ces méthodes à l’échelle d’un continent et en continu, on ne sait pas vraiment les conséquences que ça peut avoir à long terme, non plus sur la météo, mais sur le climat, sans compter les enjeux géopolitiques.
L’Inde, voisine, de la Chine, commence à s’en inquiéter, parce que son agriculture dépend de la mousson et elle voit d’un assez mauvais œil son voisin commencer à jouer avec la météo. Les experts mettent aussi en garde contre le "vol de pluie": accélérer la pluie sur son territoire, alors que normalement, elle aurait dû se produire dans un autre pays...