Prisons: installer des téléphones fixes dans chaque cellule de prison, bonne ou mauvaise idée?
Initiative inédite dans le monde carcéral. Les cellules vont être peu à peu équipées de téléphones fixes. L'expérimentation menée depuis juillet 2016 à la prison de Montmédy dans la Meuse a convaincu l'administration pénitentiaire et va donc être généralisée.
Les détenus pourront appeler les numéros autorisés par l'administration pénitentiaire ou le juge, à n'importe quelle heure du jour et de la nuit. Entre cinq et vingt numéros seraient préalablement autorisés, selon la nature et la durée de l'incarcération.
Pour le ministère de la Justice, il s’agit à la fois de favoriser le maintien des liens familiaux, considéré comme un facteur essentiel de réinsertion, et de désamorcer l’une des principales sources d’incidents en prison, à savoir les trafics de téléphones portables.
> Une bonne chose selon François Bes, membre de l'OIP, l'Observatoire national des prisons:
"C'est un premier pas vers un meilleur accès du téléphone et donc du contact avec les proches pour le détenu. A l'heure actuelle, il existe des téléphones dans les coursives ou dans les cours de promenade qui sont accessibles à tous sans aucune intimité et à des horaires très limités, en général aux horaires de promenade de 9h à 11h le matin, de 14h à 16h l'après-midi.
Ce qui ne permet pas aux personnes détenues de parler à leurs enfants après l'école, de parler au conjoint après le travail ce qui limite considérablement les contacts avec les proches. C'est totalement nécessaire pour la réinsertion de la personne. Si le lien s'est maintenu, qu'il y a des personnes de la famille qui vont l'accueillir la personne sera plus à même d'intégrer un parcours d'insertion".
> Mauvaise idée, estime Fadila Douki, déléguée régionale FO pénitentiaire en Lorraine, région où a eu lieu l'expérimentation de ce dispositif:
"Cette annonce est une calamité. Nous, les syndicalistes, nous y sommes opposés. Ce qu'il faut savoir c'est qu'au centre de détention de Montmédy où le dispositif a été mis en place à titre expérimental depuis juin 2016, on retrouve quand même des téléphones portables. Parce que les personnes détenues ne sont pas intéressées par des appels vers des numéros autorisés.
Ce qu'ils veulent c'est surfer sur le net et appeler les numéros interdits pour pouvoir procéder à des trafics, des menaces en tout genre ou des actes de terrorisme. Je pense que c'est une dépense d'argent inutile et que c'est une fausse bonne idée".