Qui veut gagner 18.000 euros en restant allongé pendant 60 jours?

Gagner 18.000 euros à ne rien faire pendant 60 jours. C’est l’offre d’emploi assez alléchante publiée à Toulouse par le Medes, l’institut de médecine et de physiologie spatiale, sous l’égide du Cnes et de l’agence spatiale européenne. Douze volontaires pour rester couchés sans bouger pendant deux mois sont recherchés. Le but, c’est de mieux comprendre comment le corps s’adapte face à 60 jours de micropesanteur. Il faut être un homme, avoir entre 20 et 45 ans, faire entre 1m58 et 1m90, IMC entre 20 et 27. Si vous êtes en très bonne santé, si vous n’avez pas de traitement particulier, ni d’allergie, ni de restriction alimentaire, que vous ne fumez pas et que vous faites du sport régulièrement, vous pouvez postuler pour ce travail plutôt tranquille. Mais quand on dit rester allongé pendant 60 jours, c’est littéralement. Pas le droit de se lever, ne serait-ce qu’une minute…
Votre corps sera incliné à 6 degrés (la tête plus basse que les pieds) pour reproduire les effets de l’apesanteur sur le corps. Vous pourrez lire, utiliser un ordinateur, utiliser vos bras, comme un astronaute en vol qui va trouver des points d’appuis dans la station spatiale internationale. Et on sera soumis à un certain nombre de tests, sanguins, urinaires, psychologiques… et d’exercices : faire du vélo, mais allongé, ou encore faire un tour en centrifugeuse… Toujours en position couchée ! En tout cas, pour une partie des volontaires. Certains feront partie d’un groupe témoin, pour comparer, et ne feront donc strictement rien. A la fin de l’expérience, 18.000 euros, qui seront versés par tranches de 4.500 euros sur 4 ans. C’est la loi qui limite ainsi la somme qu’on peut gagner pour participer à des essais cliniques. Ça peut sembler un bon plan, mais il faut aussi penser aux effets secondaires potentiels, déséquilibres ou malaises, perte musculaire… Pour ceux que ça intéresse, ça commence au mois d’avril.
Pas la seule expérience un peu folle
Ce n’est pas la seule expérience un peu folle pour nous préparer à une future vie dans l’espace… Plusieurs missions sont en préparation pour retourner sur la Lune (Artemis), puis aller sur Mars et installer une présence humaine au long cours… Et c’est sur Terre, et plus particulièrement en France, sous l’égide du Cnes, qu’on est en train de tester tout ça. Où habiter, comment se nourrir ou se soigner? Par exemple, concevoir des habitations lunaires, comme le fait la startup française Spartan Space, qui a mis au point des habitats spatiaux gonflables. Des sortes de maisons-bulle qui pourraient accueillir deux à quatre astronautes pendant 15 jours. Parmi les autres défis à relever: comment gérer les déchets ou l’approvisionnement en eau, concevoir des imprimantes 3d pour construire des infrastructures à partir de poussière lunaire plutôt que de transporter du matériel de la Terre à la Lune, ou encore cartographier les ressources disponibles sur la Lune pour une possible exploitation minière (gros gisements de titane et de fer). Un défi fascinant.
On va aussi créer des fermes de l’espace. Et là encore, elles sont testées en France. Ce qu’on appelle des biopods, ou fermes spatiales, qui permettront de nourrir les futures missions habitées, comme celles d’Interstellar Labs. Des structures fermées pour faire pousser des fruits et légumes n’importe où. Des dômes en matériau composite avec une membrane gonflable, un peu comme une serre, qu’on peut assembler facilement et qui vont accueillir des cultures. Les plantes sont cultivées en aéroponie, c’est-à-dire hors sol. On pulvérise une solution nutritive pour nourrir et faire grandir les végétaux. Ça permet d’utiliser 98% d’eau en moins par rapport à des cultures traditionnelles. Tout est piloté par des algorithmes qui vont optimiser la lumière, la température, pour favoriser la pousse des plantes. Bref, c’est la vie des futures missions spatiales qui se dessine à travers ce projet. Ce qui est intéressant, c’est que, comme souvent, ces technologies développées pour l’espace pourraient aussi avoir des applications sur Terre. Ces serres spatiales permettraient par exemple de cultiver potentiellement n’importe quoi n’importe où, même en zone hostile.