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Suicides à France Telecom: "Combien de familles détruites pour sauver l'entreprise?"

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Le tribunal correctionnel de Paris a rendu son jugement ce vendredi matin dans l'affaire des suicides de France Telecom. L'entreprise a été condamnée à une amende de 75.000 euros, la peine maximale.

7 prévenus ont comparu pendant le procès qui s'est déroulé du 6 mai au 11 juillet dernier, dont l’ex PDG Didier Lombard, l’ex Numéro 2 mais aussi le DRH et des cadres de l'entreprises de télécom.

Ils sont accusés d’avoir mené entre 2008 et 2009 "une politique visant à déstabiliser les salariés", qui serait à l’origine de plusieurs suicides. 39 cas ont été retenus par le tribunal dont 19 suicides.

Noël Rich est l'une des victimes, il travaille dans l'entreprise, aujourd'hui nommée Orange, depuis 1991. Fragile psychologiquement en 2007 il assure que l'entreprise à tout fait pour le déstabiliser et le mettre à la porte, ce qui l'a conduit à faire une tentative de suicide.

"Je voudrais que personne ne soit mort et que je me réveille"

Pour ce procès qu'il attend depuis si longtemps, Noël est arrivé ce jeudi et a pris une chambre d'hôtel juste en face du Tribunal. Noël Rich travaille chez France Télécom depuis 1991. La décision de ce vendredi, il l’attend depuis plus de 10 ans: "C’est dans cette salle d’audience où tout à l’heure à 10 heures, nous allons entendre la justice. Nous espérons que la justice nous aura entendu".

Noël a tenté de se suicider, au sein même de l’entreprise en 2010. Il a survécu, contrairement à beaucoup d’autres: "Je voudrais l’impensable, l’impossible, que personne ne soit mort et que je me réveille. C’est un cauchemar. Ça, malheureusement, la justice ne pourra jamais nous les rendre. Combien de familles détruites? Tout ça pour sauver France Télécom, tout ça pour sauver l’entreprise".

"Le pouvoir de l’employeur sur les salariés n’est pas un pouvoir sans limite"

Noël Rich veut une condamnation symbolique. Pour Maître Topaloff, avocate du syndicat SUD PTT, ce jugement doit aussi marquer un tournant: "On attend de cette décision qu’elle dise que le pouvoir de l’employeur sur les salariés n’est pas un pouvoir sans limite".

Beaucoup de victimes, sont venus de toute la France. Ce vendredi, France Télécom et ses anciens dirigeants, dont l'ex-PDG Didier Lombard, ont été condamnés pour "harcèlement moral". 

L'entreprise est condamnée à l'amende maximale de 75.000 euros. Les anciens dirigeants, l'ex-PDG, l'ex-numéro 2 et l'ex-DRH, ont eux été condamnés à un an de prison dont huit mois avec sursis et 15.000 euros d'amende, pour avoir mis en place d'une politique de réduction des effectifs "jusqu'au boutiste" sur la période 2007-2008.

Maxime Brandstaetter (avec C.P.)