Testament numérique: que deviennent nos données à notre mort ?

Il y a clairement un sujet autour de notre héritage ou de notre testament numérique : nos comptes sur les réseaux sociaux, nos boîtes mail, les photos et les contenus qu’on a sur son smartphone... Que deviennent toutes ces données quand on disparaît ?
Facebook et Instagram seront les "plus grands cimetières du monde"
Nos données numériques continuent d’exister après nous. Dans quelques années, Facebook ou Insta seront les plus grands cimetières du monde. Il y aura plus de morts que de vivants. Les géants de la tech commencent à mettre en place des outils pour pouvoir gérer ces données.
Le mieux étant de le préparer de son vivant, sinon pour vos proches c’est un parcours du combattant. Facebook par exemple propose de créer un "contact légataire" (en quelques clics en allant dans les paramètres de réglage).
Un ami ou un proche qui va avoir l’autorisation de gérer votre compte après votre disparition soit en demandant sa suppression soit en le transformant en un compte de commémoration, avec une mention "en souvenir de".
Les amis et les proches auront toujours accès aux photos de la personne, comme une sorte de sanctuaire, mais l’algorithme ne va plus faire figurer le défunt dans les suggestions de nouveaux amis ni vous proposer de lui souhaiter un bon anniversaire… Si on ne s’est pas pris avant il faut qu’un proche envoie un avis de décès pour que le compte soit supprimé.
Même schéma sur Instagram, plus compliqué sur Tiktok, où il n’y a pas cette notion de compte de commémoration. Donc là il faut donner de son vivant ses codes à une personne de confiance, au cas où.
L'enjeu pour les données stockées sur son téléphone ou compte bancaire
Pour les données stockées sur son téléphone ou encore sur un compte bancaire en ligne, c'est une affaire encore plus délicate. On a tout sur son smartphone, c’est un vrai coffre-fort, avec recto facial ou empreinte digitale.
Pour les possesseurs d’iPhone, Apple permet de nommer un contact légataire (même principe que Facebook), qui après avoir envoyé un certificat de décès, va avoir un accès à certains contenus du téléphone, comme les photos, les notes personnelles.
Mais pas à des informations beaucoup plus importantes, comme les informations de paiement, les mots de passe pour accéder aux différentes applications, et pas non plus les contenus achetés, livres, musique : on ne peut pas léguer les morceaux ou les films ou série qu’on achète.
Du côté d’Android, c’est encore pire, car à ma connaissance, le cas de figure n’est même pas considéré pour l’instant et puis il y a les comptes bancaires en ligne, les clés pour ceux qui ont des cryptomonnaies.
Certaines start-up se sont spécialisées dans ce domaine, comme Repos Digital ou encore Legapass qui vont servir de tiers de confiance. Il faut ouvrir un compte de son vivant, on va y stocker toutes ces informations confidentielles.
Les données sont chiffrées, stockées hors ligne dans de vrais coffres-forts pour éviter tout risque de piratage et lorsque vous décédez, vos ayants droit vont récupérer ces codes sans casse-tête.
Peut-on déléguer la gestion de notre histoire personnelle et collective à des entreprises privées ?
Les réseaux sociaux, qu’on le veuille ou non, avec ce qu’ils renferment, c’est l’héritage numérique du XXIe siècle. Jamais dans l’histoire de l’humanité une telle archive des comportements humains et de la culture humaine n’avait été réunie en un seul lieu.
Vous imaginez, vous prenez pour une année donnée, vous analysez toutes les publications, vous avez une vision des goûts, des tendances, des modes de vies absolument incroyable.
Et d’une certaine manière, contrôler ces archives, c’est contrôler notre histoire. Est-ce qu’on peut confier à une ou des entreprises privées la gestion d’un héritage commun ? Qu’est-ce qui se passera si les Gafam en ont marre de gérer 5 milliards de comptes de personnes qui n’existent plus ?
Twitter par exemple a déjà légué notre héritage à la bibliothèque du Congrès : des centaines de milliards de messages sont archivées.