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"Text neck", "ride du smartphone", "selfite": les nouvelles maladies du téléphone

L’utilisation massive du smartphone peut avoir des conséquences sur la santé, avec des maladies physiques et psychiques qui sont apparues ces derniers temps.

C’est la journée mondiale sans portable, ce 6 février. Mais on est tous de plus en plus accros… La moyenne mondiale, c’est près de cinq heures par jour passées sur son smartphone! Avec des conséquences très concrètes sur notre santé et tout un dictionnaire médical qu’il va falloir réécrire. Au chapitre des maladies physiques, des chirurgiens et ostéopathes tirent la sonnette d’alarme face à l’explosion des cas de "text neck" ou "cervicalgies du texto" en bon français. Autrement dit, des problèmes de cous liés aux SMS. Des douleurs et même des déformations, notamment chez les plus jeunes, dont la colonne vertébrale est en cours de formation, dus au fait qu’on passe son temps penché sur son smartphone. On est voûté au-dessus de l’écran et plus on est penché, plus la tête pèse lourd et plus la tension exercée sur la nuque est grande. Une tête, ça pèse 5 kilos environ, mais dès que vous la penchez de 15 degrés, c’est comme si vous aviez 12 kilos qui pèsent sur vos cervicales. A 60 degrés, c’est 27 kilos. Et ça va générer des douleurs, des contractures, des torticolis…

Ces médecins se rendent compte que beaucoup de jeunes consultent pour des hernies cervicales, des problèmes d’alignement des vertèbres dont ils ne devraient absolument pas souffrir compte tenu de leur âge. En gros, à 20 ans, on a la colonne vertébrale qu’on devrait avoir à 40… Mais aussi ce qu’on appelle la "ride du smartphone", l’apparition d’un pli sous le menton en forme de Y, qui se transforme en ride profonde. Sans compter les rides autour des yeux, qui s’accentuent avec l’utilisation massive du téléphone à cause de la luminosité de l’écran. C’est même devenu un business très juteux pour le secteur de la beauté, que ce soit des jeunes qui s’orientent vers la chirurgie esthétique (injections d’acide hyaluronique) ou des marques de cosmétique qui vendent des crèmes spéciales "ride du smartphone" dont l’efficacité n’est pas garantie…

Attention danger pour les selfies

Il y a aussi des troubles psychiques, comme la "nomophobie", le fait de ne plus pouvoir se séparer de son smartphone. Le mot est même entré dans le dictionnaire. Ça vient de "no more phone", autrement dit le stress, l’état d’angoisse lié au fait d’être séparé de son téléphone portable. Des chercheurs de l’université de l’Iowa ont même mesuré le niveau de nomophobie de chacun d’entre nous et on peut faire le test sur internet. Cette angoisse, lorsqu’on la mesure, est comparable à celle qu’on a quand on est chez le dentiste.

Et puis il y a la "ringxiety". De "ring", la sonnerie, et "anxiety", l’anxieté. C’est le fait d’entendre des sonneries fantômes… Il y a eu des études psychiatriques qui montrent qu’à force d’utiliser son smartphone, certains ont l’impression d’avoir entendu une notification ou une sonnerie, alors qu’en réalité il ne s’est rien passé. Une forme d’hallucination sonore. Je suis sûr que ça vous est déjà arrivé.

Enfin, il y a la "selfite", l’addiction aux selfies, considérée par certains chercheurs comme un trouble mental réel. Si vous ne pouvez pas manger des pâtes au jambon sans que vous prenne une envie irrésistible de vous prendre en photo devant l’assiette avant de la publier sur Instagram, vous souffrez peut-être d’une vraie maladie: la "selfite". Ce sont des chercheurs de l’université de Nottingham qui, au terme d’une recherche scientifique publiée dans le Journal international de santé mentale (reconnue par l’association américaine de psychiatrie), considèrent que l’addiction au selfie constitue un trouble mental réel.

Ils ont interviewé plusieurs centaines de personnes sur leurs habitudes en matière de selfie, le sentiment d’importance ou de validation personnelle que les autoportraits et leur publication sur les réseaux sociaux leur procurent. Leurs conclusions sont contestées, mais ce qui est sûr, c’est que le selfie est une maladie qui peut devenir mortelle. Ces dernières années, plusieurs centaines de personnes sont décédées en prenant des risques inconsidérés pour se mettre en scène dans un selfie ("killfie"), en haut d’un monument, sur un front de mer houleux ou avec un animal sauvage (les tigres se moquent pas mal d’Instagram…). A tel point que certaines compagnies d’assurance proposent désormais des assurances décès pour "mort par selfie".

Anthony Morel