Tilly Norwood, l’actrice générée par IA qui met le feu à Hollywood

Depuis quelques jours, le nom de Tilly Norwood affole Hollywood. Cette jeune femme brune d’une trentaine d’années au charme de "girl next door" attire déjà l’attention des agents et des producteurs. Problème: elle n’existe pas. Tilly a été créée de toutes pièces par une intelligence artificielle.
Une actrice qui n’existe pas
Conçue par la startup Zicoia, Tilly Norwood est un personnage virtuel capable de jouer la comédie, pleurer, rire, déclamer un texte avec justesse… le tout sans jamais poser un pied sur un plateau. Son visage et son corps sont le fruit de l’IA, qui peut la transformer en fonction des besoins: plus âgée, plus mince, plus expressive… Le tout en quelques clics.
Pour l’instant, elle n’a participé qu’à quelques clips de démonstration. Elle possède aussi un compte Instagram où elle publie des vidéos, déclarant notamment: "Je suis générée par IA mais je ressens des émotions bien réelles". Un concept suffisant pour déclencher une onde de choc dans l’industrie du cinéma.
La colère des acteurs
Car à Hollywood, les réactions sont vives. Plusieurs agents se disent prêts à représenter Tilly et à la placer dans des productions. Mais du côté des acteurs bien réels, c’est une véritable levée de boucliers. Emily Blunt et d’autres stars menacent de boycotter tout projet faisant appel à des artistes synthétiques. Un des plus gros syndicats d’acteurs a publié un communiqué solennel: "Nous nous opposons au remplacement des artistes humains par des artistes synthétiques".
La profession craint une menace existentielle: un acteur virtuel ne coûte presque rien, ne tombe jamais malade, ne se plaint pas, accepte toutes les conditions de tournage et reste disponible 24h/24. De quoi inquiéter tous les seconds rôles, les plus facilement remplaçables.
Un combat déjà perdu?
Ce débat réveille de vieux souvenirs. L’IA était déjà au cœur de la grande grève des scénaristes et acteurs en 2023, la première de l’histoire tournée contre l’intelligence artificielle. Mais depuis, son utilisation s’est imposée.
Aux Oscars 2024, l’IA a servi à améliorer les dialogues d’Adrian Brody en hongrois dans The Brutalist, ou encore à sublimer les prestations vocales d’Emilia Perez. En France, un festival du film IA a même reçu 1.600 candidatures cette année, avec Claude Lelouch en membre du jury.
Hollywood, après avoir résisté, semble désormais accepter l’inévitable: l’IA sera de plus en plus présente. La Motion Picture Academy, qui supervise les Oscars, réfléchit déjà à imposer dès 2026 la mention obligatoire de l’utilisation de l’IA dans les génériques des films.
Pas seulement le cinéma
Tilly Norwood n’est pas un cas isolé. Depuis des années, des influenceurs virtuels comme Lil Miquela ou Shudu Gram séduisent des millions de fans et collaborent avec de grandes marques. Tout est faux, mais l’engagement est bien réel. En Corée du Sud, la star virtuelle de K-Pop Naevis donne même des concerts devant des foules enthousiastes.
Une nouvelle ère s’ouvre donc pour le divertissement: celle de stars créées par algorithme, capables de travailler sans limite et à moindre coût. Reste à savoir si le public acceptera de voir ses héros préférés… disparaître derrière des avatars virtuels.