Une start-up américaine veut permettre le transfert de données numériques par le toucher

C'est un pari un peu fou que propose le Wi-R. Cette technologie sans-fil, encore à l'état de prototype mais déjà fonctionnelle, proposée par la start-up américaine Ixana fonctionne approximativement comme le wifi ou le Bluetooth, sauf que cette fois-ci, l’antenne, c'est vous. C’est le corps humain qui, grâce à sa conductivité naturelle, va servir d’interface et de conducteur pour faire passer des données d’un appareil vers un autre, de "câble" entre deux appareils électroniques.
Parmi les cas d’usage dans la vidéo de présentation : faire écouter un morceau de musique à un ami : vous le sélectionnez sur votre téléphone, vous faites un "check" ou une poignée de main et ça envoie la musique vers ses écouteurs. Même chose si on veut envoyer des fichiers, par exemple plus besoin d’échanger les cartes de visite à un client que vous venez de rencontrer, vous lui serrez la main et il la reçoit sur son smartphone. Ou alors, une enceinte est posée sur une table et en touchant la table, vous allez diffuser votre musique sur l’enceinte.
Des avantages mais quel impact sur la santé?
Cette technologie fonctionne à très courte portée, à quelques centimètres de distance, ou idéalement en touchant la personne avec laquelle on veut échanger. Elle comporte quelques avantages sur les technologies sans fil existantes. D’abord, cette technologie consommerait 100 fois moins d’énergie que le Bluetooth, qui a tendance à drainer les batteries de nos smartphones.
Ensuite, le Wi-R permettrait aussi des échanges plus sécurisés, dans plusieurs domaines comme la défense ou les services secrets, pour passer des informations numériques littéralement en mains propres, sans passer par un réseau qui peut être piraté. De plus, l’appairage, qui est toujours compliqué avec le Bluetooth, sera aussi beaucoup plus facile: il suffit de mettre un casque sur votre tête et il sera directement connecté.
Cette idée d'appairage immédiat peut sembler complètement folle. Il faudra valider l’innocuité de la technologie auprès des autorités de santé. Elle reste encore très balbutiante: la technologie a été présentée au CES de Las Vegas, il faut aussi qu’elle intéresse des industriels, car pour fonctionner il faudrait intégrer des connecteurs spéciaux dans les smartphones, enceintes, écouteurs.
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Mais est-ce qu’on va vraiment accepter que notre corps serve à transférer des données ? C'est une tendance de fond. De nouvelles interfaces homme-machine, qui vont de plus en plus s’inviter sur ou dans notre corps. Un autre exemple de ça, ce sont des prototypes de tatouages électroniques, qui permettent, en touchant son bras, de faire varier le volume de la musique, ou encore refuser un appel. Des tatouages avec une feuille d’or et du silicone et un certain nombre de composants électroniques miniaturisés à l’extrême.
Nokia, lui a déposé il y a quelques années un brevet pour des tatouages électroniques qui réagissent quand vous recevez un appel ou un sms. Vibration intense quand votre épouse vous appelle ou encore une petite vibration pour vous signaler que votre batterie est presque à plat. D’autres expérimentations visent à intégrer un mot de passe dans un patch qu’on se collerait sur la peau. Dès lors, il n'y aurait plus besoin de taper quoi que ce soit. Aussi, des capteurs biométriques portés à même le corps, pourraient suivre en temps réel un certain nombre d’indicateurs comme le niveau d’hydratation d’un sportif de haut niveau - quand la couleur change, il faut aller se désaltérer - l’activité cérébrale.
Parmi les technologies proposées, un tatouages qui va changer de couleur en fonction de plusieurs indicateurs: le taux d’exposition aux UV, les battements du cœur pour un patient cardiaque, la pression artérielle, le taux de sucre dans le sang pour un diabétique, le taux de particules fines dans l’air ou même du taux d’alcool dans le sang. Si le tatouage vire au rouge, cela voudra dire que vous n’êtes probablement plus en état de conduire.