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"Tu fais crier la moto, elle résonne dans les bâtiments, tu te sens libre": le témoignage d'un jeune motard adepte des rodéos urbains

"EN PRISE DIRECTE" - Le phénomène des rodéos arrivent désormais jusque dans les centres-villes au grand regret des riverains.

C'est un témoignage rare: celui d'un amateur de rodéo urbain. À Lyon, sur Place Bellecour, ces fameux ballets incessants et autres démonstrations de motos ou scooter ont lieu, sur cette esplanade emblématique. Loin des quartiers périphériques, où se cantonnait jusqu’à alors cette activité.

RMC, cette semaine en "prise directe" à Lyon, s'est rendu dans ces quartiers, comme à Bron notamment. Là-bas de prime abord, tout le monde nous assure ne pas toucher aux motos. Et puis, après quelques heures, que l’on discute, les langues se délient et on se rend compte, que les rodéos sont presque un "sport national" en bas des tours. On a voulu comprendre pourquoi. 

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La réponse est venue d’un jeune adepte de 14 ans, il a bien voulu se confier à notre micro sur ce qu’il considère être une "passion"

“Mon père m’a donné ce goût-là de la moto, depuis que je suis enfant. C’est comme une drogue. Tu te sens libre, tu ne penses à aucun problème de ta journée. 
Ce que je préfère, c’est quand tu mets ta moto sur une roue et que tu la penches le plus possible en arrière vers le sol tout en gérant avec le frein. Tu te sens libre parce que tu ne penses qu’à ta chute, ta moto et ton frein arrière”, explique-t-il.

Et visiblement, il n’a pas conscience du danger qu’il peut représenter. 

"Là, je suis sur une place fermée, il n’y a pas trop de gens, il n'y a que mes collègues. On est plus en danger nous que les autres. Si je tombe en arrière, je me fais mal, mais si je tamponne une voiture, c’est moi qui a mal aussi, pas la voiture. 

Le terrain le plus proche est à 30-40 minutes. Les sensations que tu as là, tu ne les as pas sur une ligne fermée. Là, ce n'est pas pareil, t’es au quartier, tu fais crier la moto, elle résonne dans les bâtiments. Tes collègues, ils crient lorsque tu fais un truc bien, ce n'est pas pareil”, affirme-t-il.

Des riverains à bout de nerfs

Et il affirme que, malgré les contrôles et le risque, il ne compte pas arrêter. 

“Peu importe la loi, peu importe les règles qu’ils ont mises en place personne ne va arrêter à mon avis. Il y a en même qui sont allés en prison et quand ils sont sortis une semaine après... Ils avaient une moto dans les mains. Il n’y a que mon père ou ma mère qui peuvent m’arrêter. La moto, ils me la confisquent ou ils la vendent. Je me cache plus de mes parents que de la police”, assume-t-il.

Il faut voir, ces motos qui slaloment entre les poussettes, ces mamans qui traversent les parkings à la hâte, sans lâcher la main de leurs enfants. Les riverains vivent dans la crainte, ne parlent pas par peur des représailles.

 De son côté, la police aussi a du mal à intervenir, car les forces de l’ordre redoutent des sur-accidents lors de potentielles interpellations. Une impuissance que l’on constate aussi bien dans les quartiers que dans ce centre-ville de Lyon. L’inaction renforce ici chaque jour la résignation chez les habitants rencontrés.

Martin Bourdin et Alfred Aurenche avec Guillaume Descours