Un camp pour SDF dans le 16ème arrondissement de Paris: "Une façon de s'en prendre à un symbole"
Expliquer et apaiser… Ce lundi, une réunion publique est prévue à l'Université Paris-Dauphine à 19h pour évoquer un projet très controversé: la création d'un centre d'hébergement pour SDF dans le 16ème arrondissement de la capitale. Le projet, financé par l'Etat et la ville, a été adopté par la mairie de Paris en décembre dernier. Il a obtenu depuis l'aval de la ministre de l'Environnement, Ségolène Royal. Alors que le permis de construire devrait être délivré dans les prochains jours, les riverains de l'arrondissement le plus chic de la ville sont en colère.
"On risque des agressions"
Rencontré par RMC à l'entrée du bois de Boulogne, non loin de là où devraient être installés les six préfabriqués en bois d'un ou deux étages et prévus pour accueillir 200 personnes, Christophe Blanchard-Dignac distribue des tracts "Pas de jungle comme Calais au Bois de Boulogne". Le message est donc clair: "Ici, ce n'est pas un endroit fait pour habiter. C'est un endroit fait pour se promener, se détendre", explique-t-il sur RMC.
"Là où il y a aujourd'hui des poussettes, des enfants, des personnes qui promènent leur chien, des cyclistes… Il y aura demain des grillages et des baraques de chantier", regrette-t-il encore. Un centre d'hébergement pour sans-domicile fixe, au pied des immeubles cossus: ce projet est porté par la maire socialiste de Paris, Anne Hidalgo. Mais il fait grincer des dents les riverains. "On risque des agressions. On sera moins en sécurité", estime Nicole.
"Partager l'effort de solidarité"
"Je pense que s'ils ont choisi le 16ème ce n'est pas par hasard. C'est un pied-de-nez, une façon de s'en prendre à un symbole: les quartiers huppés, poursuit-elle, agacée. Pourquoi est-ce qu'on ne le mettrait pas à côté de chez Mme Hidalgo? Je pense que ce serait bien…" Le centre est prévu pour trois ans et, que cela plaise ou non aux habitants, la mairie de Paris est bien décidée à l'ouvrir avant l'été. "A chaque fois que l'on a voulu produire du logement social dans le 16ème arrondissement, il y a eu des résistances, rappelle Ian Brossat, adjoint au maire en charge du Logement. A chaque fois, la ville de Paris a tenu bon et elle a eu raison".
En effet, selon lui, "il ne peut pas être acceptable que l'on concentre systématiquement la pauvreté au même endroit. On a besoin de partager l'effort de solidarité et le 16ème arrondissement n'a pas vocation à être une citadelle interdite". A noter qu'à Paris, il existe 9.700 places d'hébergements d'urgence pour les personnes en difficultés. Mais seules huit d'entre elles se situent dans le 16ème arrondissement.