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Un SDF meurt de froid à Paris: "Il y a une défaillance de l'Etat"

Un SDF est mort de froid jeudi dans les rues de Paris

Un SDF est mort de froid jeudi dans les rues de Paris - AFP

REPORTAGE - Un sans-abri âgé de 66 ans a été retrouvé mort jeudi matin dans un parking de Paris, où les températures sont négatives depuis le début de la semaine. Dans le quartier, son décès a beaucoup ému car le SDF était très connu.

A Paris, Michal, un SDF de 66 ans est mort de froid jeudi matin. Il a perdu la vie peu avant 7h00 du matin des suites d'un arrêt cardiaque au premier sous-sol d'un parking public où il avait ses habitudes, avenue Matignon, dans le 8ème arrondissement de la capitale. Il faut dire que cette nuit-là, les températures sont descendues bien en dessous de zéro. Dans le quartier, son décès a beaucoup ému car le SDF était très connu: il vivait dans ce quartier huppé, situé à deux pas de l'Elysée, depuis une quinzaine d'années.

Suffisamment de temps pour nouer des liens d'amitié avec les commerçants du coin. "Il était super. On discutait beaucoup. Il était ouvert, parlait avec beaucoup de passants et sur de nombreux sujets. Il ne se plaignait jamais", confirme cette habitante. "Tout le monde l'aidait, tout le monde lui parlait. Forcément, ça (sa mort, ndlr) fait quelque chose. C'est triste", ajoute une autre jeune femme.

"On ne peut pas l'admettre"

Depuis quelques temps, ceux qui le côtoyait avait remarqué que sa santé se dégradait assure Yvon, le pharmacien de l’avenue: "C'est quand même quelqu'un qu'on a vu trois fois par semaine. Il venait cherche des médicaments pour la douleur. Il vivait dans son parking, les gens l'acceptaient… C'est malheureux que quelqu'un meurt comme ça dans la rue. On ne peut pas l'admettre, surtout de nos jours".

Michal était suivi par l’association "Les enfants du canal" qui vient en aide au sans logis. Le SDF avait d’ailleurs effectué cinq demandes d’hébergement d’urgence ces deux dernier mois affirme Christophe Louis, le directeur de l’association. "On a signalé plusieurs fois sa situation dramatique, sa situation inquiétante. On a poussé pour pouvoir avoir des places. On n'en a pas eu", souligne-t-il avant d'indiquer que "le dernier appel qu'on a fait pour lui était le 19 janvier. Il y a encore eu un refus. C'est scandaleux ! C'est bien le manque d'hébergement qui a amené cette situation dramatique. Il y a une défaillance de l'Etat à ce niveau-là".

A noter qu'après l’annonce du décès, la préfecture d’Ile-de-France a renforcé ce jeudi son dispositif d'hébergement d'urgence, avec 85 places supplémentaires.

Maxime Ricard avec Antoine Perrin