Virus Zika: au Brésil, "il y a des risques partout, tout le temps"

REPORTAGE - L'OMS réunit ce lundi son comité d'urgence pour déterminer si l'épidémie du virus Zika constitue "une urgence de santé publique mondiale". Au Brésil, l'un des pays les plus touchés avec plus de 3.000 cas de microcéphalie de nourrissons, les femmes enceintes de la communauté française s'inquiètent…

Le virus Zika, soupçonné de causer des malformations congénitales, inquiète l'OMS qui tient une réunion d'urgence ce lundi. L'organisation mondiale de la Santé va déterminer si l'épidémie en cours constitue "une urgence de santé publique mondiale". La semaine dernière, elle avait déjà averti que le virus, qui se transmet par une piqûre de moustique, se propageait "de manière explosive" dans la région des Amériques, avec 3 à 4 millions de cas attendus en 2016. De quoi inquiéter à quelques mois des Jeux Olympiques de Rio.

Plus d'un million de Brésiliens touchés

En effet, le Brésil est l'un des pays les plus touchés par le virus. Ainsi, depuis avril 2015, plus d'un million et demi de Brésiliens l'ont contracté. De plus, au Brésil, ce virus est associé à une explosion de cas de microcéphalie, trouble du développement qui entraîne chez les nourrissons un périmètre crânien inférieur à la normale, à l'origine d'un retard mental. Actuellement, plus de 3.400 cas probables de cette maladie congénitale sont en cours d'examen. De quoi inquiéter, les femmes enceintes de la communauté française rencontrées par RMC.

Ainsi, dans les rues de Rio où elle habite, Mathilde, enceinte de 6 mois et demi, ne sort jamais sans sa nouvelle potion magique: son spray anti-moustique. "Je m'en mets très fréquemment. A chaque fois que j'y pense…", confie-t-elle. Une précaution nécessaire mais presque dérisoire pour tenter de se protéger du virus Zika.

Risque de "retard psychomoteur irréversible"

"Il y a des risques partout, tout le temps. Je me suis déjà fait beaucoup de fois piquer par des moustiques depuis que je suis enceinte, souligne encore Mathilde. Ça fait peur. A chaque fois, on espère que ce n'est pas grave". Et d'ajouter: "J'essaye de passer au bébé des énergies positives et de ne pas être trop stressée". Et pour les patientes les plus inquiètes, Chantal Corcos, médecin référent au Consulat français, apporte un suivi particulier.

"Elles ont raison de s'inquiéter car la microcéphalie est une maladie qui provoque chez l'enfant un retard psychomoteur irréversible, rappelle-t-elle. J'essaye donc de rassurer au maximum les patientes, surtout celles qui sont enceintes de plus de trois mois". Mathilde, elle, est soulagée: les résultats de sa dernière échographie n'ont montré aucune anomalie. Elle rentrera, malgré tout, en France bientôt pour attendre l'arrivée de Gabriel, prévu pour le mois de mai, qu'elle espère en bonne santé.

Maxime Ricard avec Mélanie Ferreira