"Je reçois des gens qui me parlent de suicide": l'Université de Lille demande à l'Etat un plan de lutte contre la souffrance étudiante

L’université de Lille explique que la moitié des étudiants disent souffrir d’anxiété accrue voire massive et 30 à 40 % parlent de "détresse". La direction demande à l'Etat un plan de lutte.
Les traits tirés, les yeux fatigués, un sourire de façade derrière le masque, pour Chloé 20 ans, "en ce moment ça ne va pas du tout". Et pour cause, des dernières semaines ont été pour elle difficile à vivre: "Je n'ai pas le moral, je pleure, parfois je n'arrive plus à me motiver. Je suis devant mes cours je veux travailler mais ça ne vient pas", assure cette étudiante en troisième année de droit à l'Université de Lille. Elle décrit la difficulté de suivre les cours à distance la peur du décrochage aussi et de l’échec: "Je ne suis pas bien et je ne peux même pas sortir pour décompresser et voir des gens".
Pour Nora qui a elle aussi connu une phase de dépression, c’est sentir le mal-être de ses amis qui a été le plus difficile à vivre: "On voit nos amis qui ne sont pas bien, on leur parle mais on ne peut pas faire grand-chose. Cela fait peur, pourquoi autant de personnes se sentent mal et veulent arrêter alors qu'ils sont faits pour ce qu'ils étudient?", s'interroge-t-elle.
"La situation est critique"
Après une étude menée en interne et révélée par La Voix du Nord, l’université de Lille explique que la moitié des étudiants disent souffrir d’anxiété accrue voire massive et 30 à 40 % parlent de "détresse". La direction de l’université de Lille, l'une des plus grandes de France avec 73.000 étudiants, demande à l’Etat un "plan de lutte contre la souffrance étudiante".
Cette détresse, Sandrine Rousseau la vice-présidente de l’université la constate. Depuis quelques semaines elle reçoit des messages inquiétants: "C'est la première fois que je reçois sur mon mail des gens me parlant de suicide. La situation est critique pour une partie de la population étudiante". Elle demande à l’Etat d’aider l’université à recruter des psychologues et des psychiatres.
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