Stages de survie, emprise de gourous... Comment les dérives sectaires augmentent avec la pandémie

Pourquoi les dérives sectaires augmentent tant ? Le "marché" est en plein boom, bienvenue au pays des survivalistes, crudivoristes et autres respirianistes !
Le grand enseignement de ce rapport c’est la start-upisation des sectes. Démodée l’usine à bobards façon temple du soleil et le porte à porte des témoins de Jéovah. L’heure est aux structures de moins de cinquante personnes. Le rapport de la Miviludes en dénombre 500. Ces nouveaux gourous sont devenus des experts du marketing numérique.
Avec un arsenal qui va des groupes Facebook aux chaines YouTube, en passant par les blogs, il n’a jamais été aussi facile d’être victime d’endoctrinement seul chez soi.
Le rapport explique aussi que la santé et le bien être sont devenus des thèmes porteurs
En 2020 ces pratiques représentent 40% des 3.000 signalements pour dérives sectaires. La crise sanitaire et existentielle représentent un terreau extrêmement favorable aux complots et aux médecines alternatives.
Parmi les nouvelles tendances le rapport cite notamment le respirianisme ! La méthode, formalisée par l’australienne Ellen Greve, n’est pas bien compliquée : elle préconise un programme de 21 jours pendant lequel ses adeptes sont appelés à réduire la quantité de nourriture et d’eau qu’ils ingurgitent. Et ensuite ? Plus rien.
D’après Ellen Greve il serait possible de se nourrir exclusivement de lumière et d’oxygène... Evidemment ne faites pas ça chez vous, le respirianisme a déjà entrainé une dizaine de décès à l’étranger.
La Miviludes cite aussi l’exemple de la rockstar du crudivorisme Thierry Casasnovas
Qui au-delà de faire la promotion d’un régime à base d’aliments crus invite à remettre en question la médecine. Il est le recordman des signalements plus de 600 saisines à son encontre. Son compte YouTube comptabilise près de 523.000 abonnés.
Et qui sont les victimes de ces prédateurs ? Parmi les 140.000 victimes, que recense la rapport les femmes seraient particulièrement touchées. Elles sont plus souvent victimes de prédation sexuelle et souvent directement visées par l’explosion de contenus autour du bien-être.
Tous les territoires ne sont pas égaux face à la menace, les départements ruraux sont plus exposés aux dérives sectaires. D’une part à cause de la désertification médicale qui pousse plus facilement à tenter des médecines alternatives. Et tout simplement parce qu’on y est plus à l’abri des regards pour y développer une activité suspecte.
Une affaire familiale
Sans surprise, quand les parents tombent sous l’emprise d’un gourou les enfants suivent. 90.000 mineurs sont concernés par des risques psychologiques et physique. C’est le cas des 150 signalements en 2020 pour des pratiques d’exorcisme qui s’apparentent à de la torture.
Mais si les dérives sectaires continuent de se développer, c’est aussi qu’on parle d’un business très lucratif. La guérison miracle, ce n’est pas donné. En 2018, les fonds d’un ostéopathe qui proposait des thérapies énergétiques à distance ont été saisis. Un butin de plusieurs millions d’euros grâce aux facilités de paiement via Paypal ou par carte bleue : les nouveaux gourous arrivent à vendre à peu près n’importe quoi. Des produits aux propriétés magiques aux séances de coaching individualisé à 50 000 euros l’année.
Le rapport pointe aussi les retraites spirituelles et autres stages de survivalisme vendus à prix d’or
Souvent dans des coins isolés du reste du monde et c’est là qu’arrivent les drames. Le 8 août dernier Ulysse Tam Ha Duong, un jeune homme de 25 ans qui projetait de devenir maître chien s’inscrit à un stage de survie dans les bois : « Aito Survivor » proposé par un ex militaire. Comme sept autres stagiaires, en fin de soirée, Ulysse ingère de l’oenante safranée une plante toxique, confondue avec de la carotte sauvage.
Il décèdera après un coma de trois jours. Son oncle a créé depuis l’association les survivants d’Ulysse et demande un projet de loi pour faire encadrer les stages de survie.