Une des dernières centrales à charbon vient de fermer en France: vraiment une bonne nouvelle?

EXPLIQUEZ-NOUS - Une des dernières centrales électriques fonctionnant au charbon a fermé ses portes discrètement la semaine dernière. C’est une nouvelle étape dans la disparition du charbon en France.
C’est la mort du charbon en France, voulue et programmé depuis longtemps. Les dernières mines ont fermé il y a 15 ans en Moselle. Charbonnage de France qui a employé jusqu’à 360.000 mineurs a été définitivement été démantelé en 2008. L'exploitation du charbon en France, c’est donc déjà une histoire terminée.
Le charbon comme matériel de chauffage pour les logements va disparaître progressivement puisqu'à partir du 1er janvier prochain on n’a plus le droit d'installer une chaudière à charbon dans un immeuble ou une maison particulière. On n’a plus le droit non plus de réparer ces chaudières. Au fur et à mesure des pannes, le charbon va donc disparaître.
Reste les centrales électriques. Il y en avait encore quatre en France. Leur fermeture est programmé. La centrale du Havre a fermé jeudi dernier. Les clefs du site ont été remises à une entreprise qui va nettoyer les lieux, ça va prendre une dizaine d'années. EDF exploite encore une autre centrale en Loire Atlantique qui fonctionne déjà au ralenti.
Deux autres centrales appartiennent au groupe Tchèque de Daniel Krestinski. L’une à Gardanne, dans les Bouches-du-Rhône est à l'arrêt depuis deux ans pour cause de grèves, liées à son démantèlement. L’autre en Moselle va fermer en juin prochain.
L'électricité produite au charbon c’est presque fini
Cela représentait seulement 1,2% de la production mais 25% de la pollution. C’est donc une bonne nouvelle pour la planète. Sauf que ces centrales étaient surtout utilisées lors des pics de consommation en hiver ou bien lors des pannes ou des réparations des centrales nucléaires. Elles servaient de secours. Désormais, on se tournera vers l’Allemagne qui produit l'essentiel de son électricité au charbon. L'Allemagne a choisi de fermer en urgence ses centrales nucléaires avant 2022, mais de garder ses centrales à charbon jusqu’en 2038.
Du coup, quel est l’avenir de l'électricité en France. Est-ce le nucléaire, ou bien les énergies renouvelables ?
C’est toute la question. C’est le grand débat qui va nous agiter ces prochains mois. Parce qu’il va bientôt falloir décider. Aujourd’hui les deux tiers de notre électricité proviennent du nucléaire. La France est un champion du nucléaire civil. EDF est le premier exploitant de centrales au monde. Mais notre parc est vieillissant. Les centrales françaises ont 35 ans de moyen d'âge. Elles étaient prévues pour durer une quarantaine d'années.
On va pouvoir les prolonger pendant 10 ou 20 ans ou même un peu plus mais pas indéfiniment. Aux alentours de 2050, il faudra fermer les quelque 58 réacteurs actuellement en service. Ce qui, entre parenthèses, coûtera un pognon de dingue.
Il n’y a pas beaucoup de choix pour remplacer tout ça. A vrai dire il n’y en a que deux. Soit on développe massivement les énergies renouvelables. L'hydraulique, le solaire et surtout les éoliennes. Sur terre mais aussi en mer.
Les défenseurs du nucléaire disent que ce n’est pas possible, les écolos affirment au contraire que tout est possible avec une volonté politique. En tout cas, c'est une option : compter sur le vent, le soleil et les progrès qui seront fait d’ici là pour remplacer le nucléaire.
Et l’autre choix, et bien c’est de poursuivre le nucléaire. Avec les centrales de nouvelle génération, les EPR. Pour l’instant, ça rame. Le chantier de la centrale de Flamanville dans la Manche a déjà dix ans de retard et ce n’est pas fini. Le coût a été multiplié par 6, et ce n’est pas fini. Bref, le nucléaire de l’avenir connaît des débuts difficiles. Mais beaucoup y croient encore.
Le projet c’est de lancer très bientôt la commande 6 autres centrales EPR en France, pour garantir la fourniture d'électricité et l'indépendance énergétique de la France. Et le maintien du savoir-faire Français.
Ou bien l’autre choix, c’est une révolution écologiste, le pari qu’une électricité entièrement propre sera possible dans 20 ou 30 ans. Pour le président de la République, c’est sans doute la décision la plus engageante et la plus difficile à prendre.
Et justement est-ce qu’on sait ce que va décider Emmanuel Macron ? On sait qu’il a finalement décidé de ne pas trancher au cours de ce quinquennat. La décision sera prise par le prochain président que ce soit lui ou un autre;