"Expliquez-nous": quand le marché des grands patrons du CAC ressemble au mercato des footballeurs
Le, marchée des PDG est désormais mondialisé comme le marché des footballeurs. Pour diriger l’ancienne bonne vieille Régie Renault, on est donc allé chercher un Italien qui dirigeait en Espagne la filiale d’un groupe allemand: Luca de Méo, PDG de Seat à Madrid, filiale de Volkswagen.
Un homme de 52 ans qui parle couramment cinq langues et qui a fait sa carrière chez Renault, Toyota, Fiat, puis Volkswagen, Audi, Seat et donc de nouveau Renault comme directeur général à compter du 1er juillet prochain, avec un salaire fixe d’un million 300.000 euros par an. Et de 6 millions par an avec la part variable s’il obtient de bons résultats. Un PDG cosmopolite italien qui succède après un intérim à Carlos Ghosn qu’on ne présente plus. Qui parle lui qui quatre langues seulement, mais possède trois passeports.
Renault n’est pas la seule grande entreprise française dirigée par un étranger. L’autre géant français de l’automobile PSA est présidé par Carlos Tavares, un Portugais né à Lisbonne qui a fait la plus grande partie de sa carrière dans l’ombre de Carlos Ghosn chez Renault avant de passer à la concurrence. Il dirige maintenant les Françaises Peugeot et Citroën, l’Allemande Opel, et bientôt après la fusion, l'Italienne Fiat et l'américaine Chrysler. Un empire piloté depuis la banlieue parisienne à Rueil-Malmaison.
Autre très grande société française, à laquelle les Français sont très attachés et qui n’est plus dirigée par un Français. C’est Air France. On est allé chercher un Canadien, Ben Smith, numéro deux d’Air Canada. Et pour le convaincre, il a fallu s’aligner sur son salaire nord-américain. Un fixe 50% supérieur à son prédécesseur français et une part variable à 4,7 millions d’euros.
Des salaires presque identiques aux footballeurs
L’assureur Français AXA, est dirigé par un Allemand de 46 ans Thomas Buderl. Diplômé de trois universités allemande, anglaise et Suisse. Sanofi, le géant de la chimie française, est entre les mains d’un Anglais. Quant à Engie, pour remplacer la seule femme du CAC Isabelle Kosher, on pourrait choisir une Belge, Isabelle Dutordoir, l’actuelle présidente des chemins de fer Belge.
Sans parler des groupes français cotés au CAC 40, mais désormais contrôlés par des groupes étrangers. Comme par exemple Essilor, les verres de lunettes, repris par des Italiens et présidé par Leonardo Del Vecchio, 84 ans. Le seul PDG du CAC 40 qui a grandi dans la misère totale. Comme par exemple Essilor, les verres de lunettes, repris par des Italiens et présidé par Leonardo Del Vecchio, 84 ans.
À l’inverse, des Français président de grands groupes étrangers. La Bourse de Londres, temple de la finance, a été dirigé par un Français pendant 8 ans. La plus grande banque italienne, Unicredit aussi. La fierté des Suisses, les montres Tissot ont confié leur destin à un Français. Olivier François pilote Fiat après avoir dirigé Lancia et Chrysler. Unilever, géant anglo-néerlandais était, il y a très peu de temps présidé depuis Londres par un Français. À New York, le nouveau Madmen, roi de la Pub est le français Jean-Marie Dru à la tête de TBWA.
Et cette mondialisation du marché des grands patrons a entraîné une augmentation des salaires. Comme dans le foot. Et les salaires sont d’ailleurs comparables. Le dirigeant le mieux payé de France est le patron de Dassault système, Bernard Charlès, avec 33 millions par an en 2018. Presque autant que Neymar. Le deuxième dans le classement est le PDG de Kering, François Henri Pinault, qui gagne un peu moins que Mbappé. Le PDG de PSA, Carlos Tavares, gagne 7 millions soit un peu plus que Payet à l’OM. Le PDG d’air France dont le salaire a fait tousser les hôtesses de l’air gagne exactement la même chose que le gardien de but de Lyon Antony Lopez.
Et dans le foot comme dans le patronat, les salaires ont flambé ces dernières années. Les revenus moyens des PDG du CAC 40 ont été de 5 millions 800.000 euros en 2018. Une hausse de 12% sur un an. C’est 277 fois plus que leurs salariés au SMIC. Quant à l’explosion du salaire des footballeurs, elle est simple à expliquer. Kilian Mbappé gagne 75 fois ce que gagnait Platini au sommet de sa gloire.