Guerre en Ukraine: "Il y a un risque de pénuries, si le conflit dure", pour la présidente de la FNSEA Christiane Lambert
Invitée de RMC, la présidente de la Fédération nationale des syndicats d'exploitants agricoles, Christiane Lambert s’est montrée assez inquiète après le début de l’invasion russe en Ukraine. "On a besoin de connaître les impacts de cette guerre", explique-t-elle, avant de détailler:
"L’engrais vient principalement de Russie et il a déjà augmenté de 138% l’année dernière. Il risque encore d’augmenter. Le blé, le maïs, l’orge, le tournesol aussi sont importés de là-bas. Il va y avoir une flambée de l’alimentation animale. On va donc avoir une moindre production en France et donc les prix augmentent. Il faut appréhender les risques de pertes."
Un bouclier alimentaire pour renforcer notre production
Autre sujet d’inquiétude pour la FNSEA, les sanctions financières contre la Russie: "On dit attention à la France et à l’Union européenne. On a payé un lourd tribut après la guerre en Crimée, quand il y a eu un embargo. C’était un milliard de pertes en 2014 pour l’agriculture française. On ne veut pas revivre la même chose cette année."
Pour Christiane Lambert, "Poutine a l’arme alimentaire.". Elle explique que l’embargo de 2014, après l'annexion de la Crimée, lui a été profitable pour "développer l’agriculture et avoir la souveraineté alimentaire et la souveraineté énergétique."
"Il est passé de 32 millions de tonnes de blé en 2014 à 80 millions aujourd’hui. Ça doit nous réveiller. J’ai proposé un bouclier alimentaire: produire en France, produire en Europe. Il ne faut pas baisser la garde, alors que la production alimentaire baisse en France. On a perdu des parts de marché, on perd en compétitivité", alerte Christiane Lambert.
Un risque de pénuries
"Ce que nous ne produisons pas sur notre territoire, quand il y a une crise et que chaque pays se referme sur lui-même, c’est un danger", explique la patronne des agriculteurs.
"Les semences qui doivent être livrées pour être mises en terre dans deux mois, ne le seront pas si le conflit dure. Donc c’est de la production en moins. Beaucoup de gens pensaient que le mot pénurie avait disparu de notre vocabulaire, ce n'est pas vrai! Il y a un risque de pénuries si le conflit dure. Il faut qu'on se réveille pour une souveraineté alimentaire raisonnée."
Prêts à accueillir des réfugiés ukrainiens
Présidente aussi du syndicat des agriculteurs européens, elle avait fait un appel à accueillir des réfugiés ukrainiens en Europe. Christiane Lambert estime qu’"il y a une tradition d’accueil, de solidarité pour ouvrir sa maison, ouvrir son cœur quand les gens sont dans la détresse."
Arguant que l’agriculture recrute, elle estime que "les Ukrainiens seront les bienvenus, pendant la saison" pour travailler avec les agriculteurs français. "Nous les logerons, nous les accueillerons, c’est en train d’être préparé."
"Tout le monde sur le salon de l’agriculture me dit qu’on ne peut pas rester les bras croisés. 'ai déjà pris contact avec le ministère de l'Intérieur pour voir ce que nous pouvons faire.", explique-t-elle.
Un risque de " rupture de la chaîne alimentaire" en Ukraine
La présidente de la FNSEA se dit prête à aider sur place: "Nous sommes disponibles pour apporter toute l’aide dont les Ukrainiens auront besoin, en lien avec les autorités."
Mais pour Christiane Lambert, "le problème là-bas, plus que les réserves agricoles, c’est la logistique. Dans les entreprises sur places, les usines tournent, mais il y a un certain nombre de défections, car certains ne peuvent plus venir travailler. Le plus grand risque sur place, c'est la rupture de la chaîne alimentaire."
"Les camions circulent, le lait est collecté, les Ukrainiens continuent de travailler pour nourrir leur population et ils sont très conscient du rôle qui est le leur", loue la présidente de la FNSEA.