Affaire Matzneff: "Je n'aime pas la meute", assure Frédéric Mitterrand

Invité des "Grandes Gueules" ce lundi, l'ancien ministre de la Culture Frédéric Mitterrand a dénoncé "la meute", contre Gabriel Matzneff, un écrivain accusé de pédophilie dans un livre d'une de ses victimes qui doit paraître jeudi. "Je n’aime pas la meute", a assuré sur RMC Frédéric Mitterrand ajoutant avoir subi du harcèlement d'une meute similaire en étant petit. "Là je vois la meute contre un écrivain que je ne lis pas avec une bonne raison", des accusations de pédophilie, "c'est terrible mais les phénomènes de meutes me gênent", a-t-il fait savoir dans un premier temps.
"Tout est pénible dans cette histoire. Ce qu’il a fait, la manière dont il s’en félicite, la manière dont pendant 30 ans personne n’a rien dit et la manière dont maintenant tout se retourne", a ajouté Frédéric Mitterrand. Car pendant de nombreuses années, les pratiques de Gabriel Matzneff étaient connus du monde littéraire tandis que l'écrivain ne s'est jamais caché de ses penchants pédophiles, les évoquant sur le plateau d'Apostrophes en 1990 et dans de nombreux essais.
Et l'affaire a pris une tournure politique. "L’aura littéraire n’est pas une garantie d’impunité", a lancé l'actuel ministre de la culture Franck Riester qui a fait part de son souhait de revoir l'allocation de plusieurs milliers d'euros versés à Gabriel Matzneff par le Centre national du livre. "Je suis d’accord, le talent artistique n’exonère pas de la morale, mais ça me gêne qu’un ministre soit dans cette direction. J’aurais dit la première partie de la phrase et laissé le reste aux instances du ministère qui s’occupe de ce genre de choses", a répondu Frédéric Mitterrand, ministre de la Culture de 2009 à 2012 quand Nicolas Sarkozy était à l'Elysée.
"Je prends le métro et deux à trois fois par an quelqu’un surgit et m’insulte devant tout le wagon"
Sur le plateau des "Grandes Gueules" Frédéric Mitterrand s'est lui-même défendu d'être un pédophile alors qu'il fut la cible d'accusation en 2009 suite à la publication d'un roman autobiographique, La Mauvaise vie: "Je n’ai jamais tenu de propos pédophiles. Je n’ai jamais été pédophile. J’ai écrit un livre et les gens qui l’ont lu, qui ont été nombreux d’ailleurs, on sans doute compris qu’il s’agissait d’un livre dans lequel un homme surmontait son désarroi pour devenir quelqu’un de mieux".
"Je prends le métro et deux à trois fois par an quelqu’un surgit et m’insulte devant tout le wagon à partir de ce qu’ils ont lu sur les réseaux sociaux. Si je vois mon profil dans Wikipédia je me demande de qui s’agit-il", a ajouté l'ancien ministre.
En 2009, quatre ans après la sortie de La Mauvaise vie, Marine Le Pen avait accusé l’ancien ministre de la Culture de faire du tourisme sexuel en payant "des petits garçons thaïlandais", citant des passages erronés du livre, lors d'une émission consacrée à la récidive des criminels sexuels. "La profusion de garçons très attrayants, et immédiatement disponibles me met dans un état de désir que je n’ai plus besoin de refréner ou d’occulter. La morale occidentale, la culpabilité de toujours, la honte que je traîne volent en éclat", écrivant notamment Frédéric Mitterrand dans le livre en question. Interrogé à ce propos en 2005 à la télévision, l'écrivain avait assuré que les termes de "garçons" renvoyaient au sens de "jeunes hommes".