Alexandre Devecchio: "Le populisme est le symptôme de la détresse des peuples"

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Ils sont de plus en plus sur le devant de la scène. Les "populistes", ainsi nommés, sont à la tête de toujours plus de pays: Donald Trump aux États-Unis, Boris Johnson en Grande-Bretagne, Jaïr Bolsonaro au Brésil…
Le paysage politique mondial a changé depuis quelques années déjà. Et même s’ils sont parfois la cible de critiques comme le président brésilien avec l’incendie de l’Amazonie, le journaliste Alexandre Devecchio auteur de Recomposition, le nouveau monde populiste, pense qu’ils ont encore de l’avenir.
"Donald Trump ne devait pas être élu, finalement il est bien parti pour être réélu, détaille-t-il. Victor Orbán est bien installé (en Hongrie, ndlr) car il effectue actuellement son 4e mandat. En Angleterre comme en Italie, il faudra bien passer par les urnes tôt ou tard. Et je pense que Matteo Salvini comme Boris Johnson seront bien placés pour obtenir de larges majorités et donc de pouvoir gouverner dans la durée".
"La grande force des populismes c'est d'avoir écouté cette détresse"
"Je crois que le populisme est le symptôme de la colère et de la détresse des peuples qui ne se sentent plus représentés démocratiquement, analyse Alexandre Devecchio sur RMC.
"Je pense notamment aux classes moyennes qui, en plus de ne plus se sentir représenter par leurs élus, sont paupérisées sur le plan économique. Elles ont le sentiment d’être déclassées, d’être dépossédées sur le plan culturel. La grande force des populismes c’est d’avoir écouté cette détresse et cette colère".
Le populisme d'aujourd'hui n'est pas le nationalisme des années 30
Pour le journaliste, c’est un contresens total de comparer ce populisme du 21e siècle avec celui des années 30 qui a provoqué la seconde guerre mondiale. "La comparaison tombe à l’eau. En réalité, qui a soulevé l’Europe dans les années 30? Ce sont les nationalismes. Hitler et Staline étaient des totalitaires. Ils n’en avaient rien à faire de la nation, ils voulaient la dépasser".
Les populistes et les "gilets jaunes"
Le journaliste Alexandre Devecchio évoque également le sujet des "gilets jaunes" et des conséquences politiques provoquées par cette révolte venue du peuple.
"Les populistes ont le mérite de tenter de répondre à cette détresse-là. Les premiers 'gilets jaunes', c’est la France périphérique qui a subi les conséquences de la mondialisation, qui a vu ses usines fermer, ses quartiers changer avec des zones commerciales ayant remplacées ses commerces de proximité.
Au moins, les populistes s’interrogent sur la mondialisation et proposent - même si elle peut ne pas fonctionner une forme de protection. Alors que leurs adversaires ont une politique qui propose toujours plus d’ouverture".