Benalla écroué: "Ca devient la RDA", selon Charles Consigny
Alexandre Benalla a passé sa première nuit en prison dans la nuit de mardi à mercredi. Un juge d'instruction a décidé mardi de placer en détention provisoire l'ancien collaborateur d'Emmanuel Macron pour ne pas avoir respecté son contrôle judiciaire, dans l'enquête sur les violences du 1er mai 2018 à Paris. Son ami Vincent Crase, ancien employé de la République en marche et lui aussi mis en examen dans cette affaire, a également été placé en détention provisoire.
Les deux hommes avaient été convoqués mardi matin au tribunal de Paris par les juges d'instruction. Le 31 janvier, Mediapart avait publié des enregistrements clandestins d'une conversation entre les deux hommes, datant du 26 juillet, soit quatre jours après leur mise en examen et alors que la justice leur avait interdit d'entrer en contact.
Une ancienne Grande Gueule a réagi rapidement a l'annonce du placement en détention provisoire d'Alexandre Benalla: l'avocat Charles Consigny. Il explique ce mercredi dans Les GG pourquoi il estime que la justice se soumet au peuple avec cette décision.
"Pour moi, la justice a une fois de plus cédé aux sirènes de l’opinion publique"
"Je pense que ça n’est pas du tout une mesure justifiée s’agissant de ce garçon. Je pense qu’en France on a une tendance terrible à incarcérer les gens pour tout et n’importe quoi. Il y a plus de 320 gilets jaunes en détention provisoire pour des motifs très souvent inexistants. S’agissant de Benalla il y avait plein d’autres possibilités offertes à la juge d’instruction pour le sanctionner d’avoir violé son contrôle judiciaire. C’est souvent automatique, néanmoins ils peuvent créer de nouvelles obligations à respecter.
Pour moi, la justice a une fois de plus cédé aux sirènes de l’opinion publique qui voulait absolument embastiller Alexandre Benalla. Ils ont cédé à Médiapart en acceptant de se fonder sur les enregistrements qu’ils ont apportés. On est en train d’entrer dans une société folle où on ne peut pas parler au téléphone à cause d’écoutes, plus de mails ou de messages, et même plus parler librement car on risque d’être enregistré. Ca devient la RDA ! Le monde rêvé d’Edwy Plenel c’est la RDA."
"Quand on viole les contraintes d'un contrôle judiciaire c'est quasi-automatiquement la case prison"
De son côté, François Grosdidier, sénateur LR de Moselle, membre de la commission d'enquête qui a traité l'affaire Benalla au Sénat, également invité des Grandes Gueules, estime que c'est au contraire une procédure tout à fait classique de la justice française.
"C'est le fonctionnement tout à fait normal de la justice. Quand quelqu'un est mis en examen on le laisse en liberté mais on l'empêche de gêner l'enquête. A ce titre il y a des contraintes. Il n'avait pas le droit de rencontrer son présumé complice M. Crase. Et il l'a fait. Et quand on viole les contraintes d'un contrôle judiciaire c'est quasi-automatiquement la case prison. Il se retrouve en détention provisoire, cela ne veut pas dire qu'il est coupable des faits qui lui sont reprochés. Je pense que le magistrat instructeur avait suffisamment d'éléments pour affirmer que les deux se sont rencontrés alors qu'ils n'avaient pas le droit. C'est un cas très classique."