Bridgestone: "C’est comme si j’étais moi-même licencié" confie Jean-Paul, retraité du site de Béthune

TÉMOIGNAGE RMC - La direction de Bridgestone envisage la fermeture du site de Béthune à l'horizon 2021. 863 emplois sont menacés. Jean-Paul, auditeur des "Grandes Gueules", ancien de l'usine raconte sur RMC.

Le Japonais Bridgestone a annoncé mercredi la fermeture de son usine de Béthune dans le Pas-de-Calais à l'horizon 2021. La direction évoque des "problèmes de marché structurels" et la "viabilité des opérations de l'entreprise" pour justifier la fermeture du site spécialisé dans la fabrication de pneumatiques et le licenciement à venir de 863 personnes. Bridgestone évoque également une surcapacité de production en Europe et la concurrence des marchés asiatiques à bas coûts.

"On nous a tués (…) Je me sens concerné comme si j'étais moi-même licencié aujourd’hui", témoigne sur RMC Jean-Paul, retraité du site de Béthune. "J’y ai passé quasiment toute ma vie, j’y ai bossé 38 ans, je suis retraité depuis peu. Mon père y travaillait aussi, il a été embauché en 1961 et y a travaillé jusqu’en 1989", explique-t-il dans les "Grandes Gueules".

Nombreuses aides publiques

Selon lui, cette fermeture était prévisible:

"On se doutait que c’était le déclin. On était capable de produire 30.000 pneus en 24 heures. On était très productifs. Et du jour au lendemain on nous supprimait des dimensions en invoquant des histoires de fournisseurs. On avait 200 machines, du jour au lendemain on en a enlevé une vingtaine, puis un peu plus, puis la moitié".

"C’était le lavage de cerveau", assure Jean-Paul ajoutant avoir l’impression que les dirigeants ont coulé la boîte au profit de la Pologne. "Les gens dans l’usine devaient savoir que cela allait arriver"

De nombreux politiques sont montés au créneau pour dénoncer une fermeture injustifiée. "C'est un assassinat prémédité" a déploré Xvaier Bertrand, président de la Région Hauts-de-France.

Syndicats et personnalités politiques s'indigent aussi du montant des aides publiques dont a bénéficié le groupe ces dernières années : 500.000 euros d'aides à l'investissement en 2008, plus de 120.000 euros pour financer la formation depuis 2016 et 1,8 million d'euros en 2018 au titre du Crédit d'impôt pour la compétitivité et l'emploi.

Guillaume Dussourt