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Corinne Lepage dans les GG: "Nous ne sommes plus les champions du nucléaire"

L'ancienne ministre de l'Environnement a expliqué ce mardi dans les Grandes Gueules sur RMC pourquoi elle avait accepté d'être l'avocate du canton et de la ville suisse de Genève, qui s'inquiète de la vétusté de la centrale du Bugey, dans l'Ain. Une centrale qui selon elle, symbolise le problème du nucléaire et de ses acteurs en France.

Elle est au cœur de la bataille juridique et politique que la ville et le canton de Genève mènent contre la centrale nucléaire française du Bugey, frontalière de la Suisse, et accusée de faire courir un grave danger à la population helvète. L'ancienne ministre de l'Environnement Corinne Lepage, avocate du canton et de la ville de Genève, était l'invitée des Grandes Gueules ce mardi sur RMC. La semaine dernière le canton et la ville ont en effet indiqué avoir porté plainte contre X "pour mise en danger délibérée de la vie d'autrui et pollution des eaux".

"Les Suisses ont des centrales mais les plus vieilles fermes, explique Corinne Lepage. Et puis le canton de Genève n'a aucune centrale puisqu'il a inscrit dans sa constitution le non recours au nucléaire". Au-delà de sa position géographique, la centrale du Bugey, dans l'Ain, est ciblée par nos voisins car elle fait partie "des centrales pensées dans les années 70 et fabriquées avec des normes des années 70", qui plus est située "dans une zone sismique avec un gros risque d'inondation".

"C'est une centrale avec des problèmes au niveau de la dalle en béton sur laquelle elle est construite et dont un réacteur a été fermé sur ordre de l'ASN (Autorité de sûreté nucléaire) pour cause de fuites", ajoute l'avocate.

"Il y a un problème financier majeur sur la filière nucléaire"

Si Corinne Lepage a beaucoup écrit sur le nucléaire, elle est toutefois bien consciente que la France ne peut pas s'en passer du jour au lendemain. "76% de notre électricité vient du nucléaire, donc on ne peut pas l'arrêter". Mais si, à l'image des Suisses, Corinne Lepage s'inquiète de la sécurité de nos centrales, elle s'inquiète également de la santé financière de nos deux (anciens ?) fleurons de l'énergie : Areva et EDF.

"Il y a un problème financier majeur sur la filière nucléaire. Areva, Le problème a contaminé EDF, qui a une dette de 37 milliards, et à qui on demande de racheter 2,4 milliards le nucléaire d'Areva (2,5 milliards en fait, NDR) - qui aurait déposé le bilan si c'était une entreprise privée -, auquel on ajoute le financement de l'enfouissement des déchets radioactifs à Bure – qui coute entre 17 et 35 milliards selon les sources. Ensuite, il y a la construction de deux nouvelles centrales EPR en Angleterre, pour 24 milliards d'euros. Ça fait beaucoup !".

"Financièrement cela ne tient pas la route. Or, le problème de sûreté est lié au problème financier, et l'électricité nucléaire n'est plus compétitive", poursuit l'ancienne ministre qui prévient : "Français vous allez payer plus cher votre électricité" dans les années à venir, sauf à faire des économies d'énergie.

"Transformons Areva en champion des énergies renouvelables"

Corinne Lepage regrette "cette espèce de religion du nucléaire chez nous". "Mais nous en sommes plus les champions du nucléaire. Psychologiquement, c'est difficile à se dire, mais il faut passer à autre chose". L'avocate qui regrette qu'on ait "bridé et l'efficacité énergétique et le développement des énergies renouvelables" en France.

"Quitte à coller (sic) 5 milliards d'euros chez Areva, transformons-la en grand champion français du renouvelable, ou du post-nucléaire et du démantèlement – un grand marché avec 500 réacteurs dans le monde. Regardez la manière dont le renouvelable se développe dans le monde !".