Des juges d'instruction menacent de libérer des détenus: "C’est cracher à la figure des détenus et des victimes"
Ils sont "assommés, épuisés, découragés". Déjà débordés de travail, les magistrats de Créteil ont appris de la chancellerie qu’ils ne seraient plus 11 mais 10. Pour protester contre cette décision, ils menacent de ne plus prolonger les détentions provisoires de nombreux mis en examen. Si la Grande Gueule et avocate Marie-Anne Soubré reconnait que les conditions de travail sont difficiles, elle trouve cette action "révoltante".
"Je suis furieuse et encore je pèse mes mots. Il est vrai que les conditions de travail des magistrats sont déplorables, c’est une évidence et il y a un manque de personnel criant. Maintenant, ils nous agitent sous le nez l’idée de remettre en liberté des détenus. Il faut savoir que la détention provisoire, c’est l’exception normalement, c’est-à-dire qu’il faut placer les gens sous contrôle judiciaire. Alors de deux choses l’une, soit les gens qui sont détenus n’auraient jamais dû l’être et c’est donc un scandale, soit ils vont libérer des gens qui devraient toujours être enfermés".
Pour la Grande Gueule, les magistrats prennent en otage la liberté des gens et leur comportement est hypocrite: "Venir nous agiter sous le nez la liberté des gens, ça veut dire que les détenus qu’ils veulent libérer ne devraient pas être enfermés, c’est ça qui me rend furieuse. Ils s’amusent avec la liberté des gens. Dire 'ne vous inquiétez pas, on ne va pas relâcher les plus dangereux', ça montre une hypocrisie incroyable. Dans ce cas-là, qu’ils se mettent en grève. Ça me révolte, je trouve que c’est scandaleux, ce n’est pas digne de leur fonction. C’est cracher à la figure des détenus et cracher à la figure des victimes".