"Dès qu'il y a un drame, le policier se retrouve automatiquement accusé", dénonce un syndicaliste policier
Le sujet de la "présomption de défense" est remis sur la table après la mort mardi d'un homme dans un quartier sensible de Nantes, tué par un policier. Le président des Républicains Laurent Wauquiez a demandé jeudi que soit respectée une "présomption de défense" des forces de l'ordre, après la mort de ce jeune homme.
"Moi, entre d'un côté un malfaiteur, poursuivi pour trafic de stupéfiant, et de l'autre côté les forces de police, je demande que la présomption d'innocence soit du côté des forces de l'ordre", a-t-il déclaré sur Cnews.
Il a également reproché au gouvernement de "ne rien avoir fait depuis un an" pour donner aux policiers les moyens supplémentaires dont ils auraient besoin, malgré leur "cri d'alerte".
Invité des Grandes Gueules pour réagir à cette proposition, Thierry Spitz, délégué syndical Alliance police à Nantes où se déroulent ces violences urbaines, rappelle que cette idée avait déjà été évoquée lors de précédentes affaires similaires.
"A partir du moment où il y a un drame, automatiquement le policier se retrouve sur la place publique vilipendé, accusé"
"Effectivement on avait déjà revendiqué la présomption de légitime défense. Elle avait un but : éviter ce qui se passe un peu actuellement malheureusement. A partir du moment où il y a un incident, un drame, automatiquement le policier se retrouve sur la place publique vilipendé, accusé, était, en gros, présumé coupable d’avance, et ça on voulait absolument l’éviter."
Thierry Spitz a également voulu témoigner du contexte de "tension" autour des "cités" qui empêcherait une certaine serénité de s'installer.
"Bien évidemment, leur parole, il faut l’entendre"
"Effectivement il y a tout de suite une tension qui s’installe, mais vous le savez, c’est inéluctable maintenant dans les cités. Et ça il n’y a pas besoin de l’intervention des policiers, même quand il y a un accident de la circulation avec des jeunes qui circulent sans casque et qu’il y a un accident mortel quelque fois les cités s’embrassent.
Dans ce cadre là il y a eu tout de suite des émeutes qui se sont organisées. Après ce n’est pas parce que les gens s’expriment, ils expriment leur colère, qu’on doit forcément y porter caution. Bien évidemment, leur parole, il faut l’entendre, bien évidemment il faut que l’enquête soit faite de manière extrêmement sérieuse."
Le syndicaliste a ensuite tenu à rappeler qu'il ne faut pas remettre en cause l'enquête de l'IGPN (la police des polices) qui serait parfaitement indépendante selon lui tout en rappelant que les policiers auraient besoin d'un nouveau statut pour que le policier en cause dans ce genre ne soit pas immédiatement accusé.
"C’est compliqué comme métier. Quand il y a des coups de feu l’action se passe en une fraction de seconde"
"Il faut que tout le monde soit responsable, que ce soit les politiques, la presse… Il faut un discours cohérent pour que tout se passe dans la plus grande transparence. Ce qu’on souhaite c’est que le policier bénéficie d’un statut. C’est compliqué comme métier. Quand il y a des coups de feu l’action se passe en une fraction de seconde. On ne demande pas un statut de protection impérial pour les policiers, ce n’est pas du tout ce qu’on veut.
J’étais avec mes collègues juste avant qu’ils soient auditionnés par l’IGPN (la police des polices) et la Police judiciaire, croyez-moi que tout est fait dans le plus grand sérieux. Nous, les syndicats, on n’a pas accès à la procédure, tout est fait en catimini. Il ne faut pas croire que la police se protège."
Quant au principal intéressé, le tireur, Thierry explique qu'il est toujours en activité, il a été auditionné mercredi et le sera de nouveau ce jeudi. "Pèse sur ses épaules toute la responsabilité qu’il s’est passé", conclut le syndicaliste qui attend maintenant les résultats de l'enquête. En espérant que les tensions dans les quartiers s'apaisent.