Deux professeurs de Givors en grève de la faim depuis 10 jours: "Ca ne s’est jamais fait dans l’Éducation nationale"

Deux professeurs d'un collège de Givors, entre Lyon et Saint-Étienne, sont en grève de la faim depuis neuf jours, une action entamée après des agressions de collègues, mais qui s'inscrit dans un combat ancien pour que l'établissement soit classé Rep+.
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Tous deux ne s'alimentent que de bouillons et passent leurs nuits dans l'établissement. Avec des collègues réunis au sein du "Collectif Aubrac", ils diffusent quotidiennement des vidéos sur YouTube pour expliquer leur action qui a démarré après une série d'agressions.
“La revendication du REP+, c’est une revendication qui est ancienne, elle date de 2015. Pour nous on y a le droit, on y avait déjà le droit en 2015, on ne l'avait pas eu de façon injuste. Depuis, on a fait plein de mouvement, des pétitions, des blocages, tous ces trucs classiques sans rien obtenir alors on s’est demandé quels types d’actions on pouvait trouver et la série des agressions est le signal qu’on ne peut plus attendre. Il y a un sentiment d’urgence qui s’est développé en même temps”, explique Pierre Rachet.
Lors d'un cours, un délégué de classe mécontent d'une remarque d'un enseignant a lancé des ciseaux qui se sont plantés dans le tableau, à la sortie du collège, une professeure a été prise à partie et insultée par des élèves, enfin, un collègue a manqué d'être écrasé par une voiture qui l'a poursuivi un soir de réunion tardive.
"A chaque heure de cours, la situation peut déraper"
C’est à la suite de ces agressions que la grève de la faim a commencé.
“Elle a tous les avantages. C’est une action qui est profondément non-violente, et puis qui est très forte parce qu’on sait bien que ça ne s’est jamais fait dans l’Éducation nationale. Cette violence quotidienne malheureusement, on s’y habitue. Mais les violences qu’on a connues il y a quinze jours, nous ont permis de prendre conscience qu’on s’habitue à trop de choses. Les insultes de professeurs, les attitudes menaçantes, c’est notre quotidien. On sait qu’à chaque heure de cours la situation peut déraper. Ça n'arrive pas à chaque fois, mais on sait que ça peut arriver. On va en classe en sachant qu’il va falloir être performant à 100% parce qu’à 99% on prend des risques. On ne va peut-être pas avoir le bon mot au bon moment, la bonne attitude et on a des jeunes qui sont en grande difficulté”, affirme-t-il.
Pour l'heure, la mobilisation a permis de gagner un demi-poste de conseiller principal d'éducation et un poste d'assistant d'éducation supplémentaire. Des avancées "insuffisantes" pour les enseignants