"Des phénomènes de violences des grandes agglomérations": comment expliquer la hausse de la délinquance dans les campagnes?
Les campagnes françaises sont gagnées par la délinquance. Plus 8% de violences, toutes catégories confondues, en un an.
Isabelle Le Callénec, est maire de Vitré, en Ille-et-Vilaine. Elle vient de faire le point avec la gendarmerie locale. En un an, pas de doute, les violences ont augmenté à l'échelle de l'agglomération. “On observe une hausse des atteintes aux personnes de l’ordre de 24%. La moitié sont des violences intra-familiales”, indique-t-elle.
À l'échelle de la ville il ne s'agit que de quelques cas supplémentaires, relativise l'élue. Mais il ne faut pas banaliser cette violence pour autant, dit-elle.
“Les citoyens sont attachés à leur sécurité et ils ont parfaitement raison. Les chiffres sont inquiétants. Il faut relativiser en termes de valeur absolue du nombre de cas, mais c’est notre rôle de mettre en place des mesures très concrètes avec les moyens qui nous sont dévolus”, précise-t-elle.
Comme l'Ille-et-Vilaine, la Meuse et le Tarn font face à une recrudescence de violences en zone rurale très marquée. Pour Stéphane Espinosa, responsable syndicat SGP Police FO à Albi, c'est bien la délinquance urbaine qui gagne les campagnes. "On retrouve ces mêmes phénomènes de violences qu’on avait il y a quelques années dans les grandes agglomérations et on les retrouve aujourd’hui dans le Tarn", affirme-t-il.
Des violences intrafamiliales facilitées par le confinement
Coups et blessures volontaires, séquestrations, règlements de compte, homicides et tentatives d'homicide, viols... Tous les indicateurs sont en hausse en zone rurale et périurbaine. Y compris les violences à l'encontre des personnes dépositaires de l'autorité publique. "C’est quelque chose qu’on ne voyait pas il y a des années de ça et maintenant ça se banalise même sur des villes moyennes et ça devient quelque chose de très difficile à vivre pour les policiers”, assure Stéphane Espinoza.
>> A lire aussi - "Les gens découvrent des violences policières mais en banlieue c'est notre quotidien", témoigne Olivier sur RMC
Et les violences intrafamiliales n'échappent pas à la tendance globale. À Gaillac dans le Tarn, plus 16% en un an. Betty Fournier est membre de l'Association “Paroles de femmes”. Elle voit l'origine de ces chiffres dans la crise sanitaire actuelle.
“C’est surtout à la sortie du confinement que nous avions des appels de femmes qui appellaient pour nous dire qu’elles voulaient nous rencontrer parce qu'elles subissaient des violences”, confie-t-elle.
Plus de faits de violences intrafamiliales rapportées notamment parce que la parole des victimes se libère peu à peu dans notre société. On sort un petit peu des tabous, conclut Betty Fournier, mais il y a encore beaucoup de travail en milieu rural.