Ehpad: "La dignité des soignants et des personnes âgées est sacrifiée sur l'autel de la rentabilité"

Dans son livre Ehpad, une honte française, Anne-Sophie Pelletier, aide médico-psychologique, pointe les dysfonctionnements dont elle a été témoins dans les maisons de retraite.

Manque de temps, manque de personnel, maltraitance. Dans son livre, Ehpad, une honte française, Anne-Sophie Pelletier raconte les dysfonctionnements qu'elle a constatés dans certains Ehpad (établissement d'hébergement pour personnes âgées dépendantes). Cette aide médico-psychologique a mené une grève de 117 jours à la maison de retraite des Opalines à Foucherans (Jura) pour dénoncer les conditions de travail dans lesquelles les soignants accomplissent leur travail.

"Les soignants ne sont maltraitants que parce que les prescriptions de travail sont maltraitantes. Et qu'ils sont maltraités. On leur demande du quantitatif et pas du qualitatif. On leur demande une forme de productivité", explique-t-elle sur RMC.

"Ce n'est plus tenable"

Et de détailler:

"Quand vous êtes un courant d'air dans un couloir et que vous n'avez pas le temps de faire une douche correctement ou que vous ne faites pas la douche parce que vous êtes en sous-effectif, ou que vous êtes obligé de prioriser des soins, ça n'est plus tenable. Pour une toilette rapide, certaines le font en 7 minutes parce qu'elles n'ont pas plus de temps. Dans un Ehpad on a 11-12 toilettes à faire le matin. Ça peut paraître peu, mais avec des personnes âgées qu'il faut lever, emmener aux toilettes. Dans certains Ehpad privés à but lucratif, la dignité des soignants et des personnes âgées sont sacrifiés sur l'autel de la rentabilité".

"Tout est institué avec un temps prédéfini. Tout est tellement chronométré que le moindre grain de sable désorganise tout. Il faudrait plus de personnel pour que ça fonctionne bien. Et que certains Ehpad puissent avoir un pôle de personnel tournant en cas de sous-effectif".

Paulina Benavente