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Les Grandes Gueules

Intégration: "Des collègues blancs me disent que je ne suis pas un noir comme les autres..."

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Auditeur des "Grandes Gueules", Ornel rappelle le parcours du combattant que certains jeunes des quartiers populaires doivent affronter pour accéder à des responsabilités.

Le mythe de l'ascenseur social en panne est une réalité qui dure depuis bien longtemps, et peu de choses semblent pouvoir résoudre ce problème. La ministre de la Ville, Nadia Hai, annonce tout de même ce mardi la création d'un nouveau fonds doté de 10 millions d'euros, à destination des jeunes des quartiers prioritaires de la ville (QPV).

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Ce fonds intitulé "Quartiers solidaires jeunes" est destiné aux associations menant des actions en faveur des habitants des QPV âgés de moins de 25 ans. 

"C'est dur d'avoir 20 ans en 2020 et a fortiori dans les quartiers prioritaires de la ville où la crise sanitaire, économique et sociale a des échos particulièrement importants", selon la ministre.

A travers ce fonds, le ministère entend financer des projets des associations de proximité dans différents domaines, l'accent sera notamment mis sur les initiatives à destination des jeunes femmes et les actions en faveur de la mixité.

"J'avais des collègues blancs qui me disaient que je n'étais pas un noir comme les autres"

Auditeur des Grandes Gueules, Ornel, 28 ans, a fait part de son témoignage sur RMC et estime qu'il y a deux problèmes de mixité distincts à régler.

"On fait l'amalgame entre la mixité sociale et la mixité ethnique. La mixité sociale n'a pas vu l'heure. On l'a vu avec les Gilets Jaunes. La mixité ethnique je l'ai connue, je viens de Beaumont-sur-Oise, la ville d'Adama Traoré. Je suis arrivé dans le XVe, je me suis investi en politique, je suis rentré dans des start-ups... Et j'avais des collègues blancs qui me disaient que je n'étais pas un noir comme les autres ! Que j'étais un noir, mais différent ! C'est violent."

Il estime que les barrières qui se présentent face aux jeunes des quartiers populaires peuvent être très repoussantes.

"On a deux barrières. Je suis d'origine béninoise et je suis fier d'être Français. On a la barrière sociale, l'ascenseur social est en panne depuis longtemps. On prend l'escalier, au ralenti, on monte, on arrive et on nous dit en haut qu'on voit bien ta couleur. Donc il y a une autre barrière à surmonter. C'est compliqué. Beaucoup de jeunes dans les quartiers aimeraient s'en sortir mais il y a beaucoup de barrières."
J.A. avec AFP