Les minorités plaident pour une meilleure représentation à l'Opéra de Paris, l'extrême-droite craint la disparition de certaines oeuvres
A l’Opéra de Paris, on veut faire plus de place aux minorités et à la diversité. Comme le révèle Le Monde, des employés et artistes, métisses et noirs de l’Opéra, ont publié cet été un manifeste s’interrogeant sur la prise en compte de la diversité, déplorant notamment la place de certaines œuvres dans le registre et dénonçant le "blackface" pour représenter des personnages noirs et, le "yellowface" pour des personnages asiatiques "destinées à exagérer et tourner en dérision, avec condescendance, les traits des individus racisés".
Sans surprise, ce sont les moins concernés qui se sont indignés les premiers: "Voilà ce que de pseudo-progressistes au nom d’un antiracisme devenu fou veulent supprimer du répertoire de l’Opéra de Paris. Cela n’a rien à voir avec l’antiracisme mais tout à voir avec l’obscurantisme!", a assuré sur Twitter Marine Le Pen.
"On commence à en avoir ras le bol des caprices de ces minorités! Il va falloir donner un coup de frein sévère à cette entreprise d'effacement de notre culture", a lâché de son côté Robert Ménard.
"L'art n'existe que parce qu'il évolue avec son temps"
Car certaines œuvres pourraient en effet être amenées à disparaître du répertoire, assure Alexander Neef, le directeur de l'Opéra de Paris au Monde, évoquant Casse-noisette, La Bayardière ou encore Le Lac des Cygnes, mais sans en faire une priorité du tout:
"Supprimer ne sert à rien si on ne tire pas les leçons de l’histoire. Pour réussir une rénovation profonde, pour que dans dix ans, les minorités soient mieux représentées à l’Opéra, il fallait une vraie réflexion", précise-t-il alors que le manifeste des employés et artistes de l'Opéra n'en demande pas tant. Dans la foulée d'ailleurs, l'Opéra de Paris a démenti toute volonté de supprimer des oeuvres.
"Des gens qui veulent supprimer Casse-Noisette sont des casse-noix", juge sur le plateau des "Grandes Gueules Gilles-William Goldnadel après mûre réflexion.
"La suppression m'importe peu mais faire évoluer la culture c'est essentiel sinon ce n'est plus la culture", estime de son côté Joëlle Dago-Serry. "Il n'y a pas d'idéologie si cela prend en compte le réel. Si le réel c'est rajouter de nouvelles oeuvres qui prennent en compte la diversité c'est très bien", ajoute-t-elle.
"Le hip hop est entré en force à l'Opéra de Paris et a renouvelé le répertoire de l'Opéra. Dans l'histoire de l'art depuis l'antiquité jusqu'à aujourd'hui ça n'a été qu'une adaptation permanente de toujours et de tous les temps! L'art n'existe que parce qu'il évolue avec son temps", plaide Etienne Liebig.