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Limiter le salaire des patrons à 100 Smic? "Jusqu'alors le sujet était entouré d'une espèce d'omerta"

Carole Couvert, présidente de la CFE-CGC fait partie des 40 personnalités qui réclament ce jeudi dans Libération que le salaire des grands patrons soit limité à 100 Smic. Une mesure qu'elle a défendu dans les Grandes Gueules et qui vise selon elle à redresser la "distorsion de traitement" entre salariés et dirigeants.

Faut-il limiter le salaire des grands patrons et à quel plafond? 40 personnalités proposent une rémunération maximale à 100 Smic. "100 fois le Smic ça fait quand même 1,75 millions par an", précise Carole Couvert, présidente de CFE-CGC et signataire de la tribune. Avec son organisation qui défend les cadres jusqu'à présent "nous n'étions pas sur une idée de plafonnement", explique-t-elle mais les circonstances économiques l'ont convaincue de signer cet appel aux patrons.

"Nous connaissons une période où depuis plusieurs années la modération des salariés est de mise. On ne peut pas d'un côté avoir des rémunérations de dirigeants qui flambent en augmentation annuelle pendant que de l'autre on met en place une modération salariale voire un gel des salaires sur les autres catégories socio-professionnelles", défend-elle. 

Mais cette technique du plafonnement ne convainc pas les Grandes Gueules. "Selon la technique des joueurs de foot, c'est le club qui paye le plus cher qui a le meilleur joueur. Comment on peut faire pour éviter que nos grands patrons qui ne sont rien d'autre que des stars et des cerveaux partent à l'étranger?", demande Marie-Anne Soubré, l'avocate des GG. Carole Couvert reconnaît que des mesures envisagées comme la taxe à 75% sur les très hauts revenus a eu "un effet répulsif" sur de potentiels dirigeants.

 "Il faut que l'on fasse revenir des personnes qui ont un pouvoir d'achat, qui ont des idées, qui vont pouvoir faire bouger les choses", espère-t-elle. 

Patrons et salariés "sont dans la même barque"

Pour Pascal Perri c'est justement sur la fiscalité qu'il faudrait agir. "Depuis des années la CFE-CGC demande de revoir la fiscalité des entreprises et la fiscalité qui s'applique sur les ménages en France", soutient Carole Couvert pour qui cet appel pour plafonner les revenus des grands patrons a au moins "le mérite de mettre le sujet sur la table alors que jusqu'alors il était entouré d'une espèce d'omerta". 

Des députés de gauche ont décidé en commission de déposer un amendement qui rendrait contraignant le vote des assemblées générales d'actionnaires sur les rémunérations de leurs dirigeants. Une mesure qui aurait pu s'appliquer à Carlos Ghosn, le patron de Renault, qui malgré le refus des actionnaires avait pu voir sa rémunération augmentée à 7,2 millions d'euros après une décision du conseil d'administration. Cette mesure est aussi une piste pour Carole Couvert. "Le champ du possible est ouvert. Nous regardons quel est l'intérêt du salarié et celui de l'entreprise et donc du chef d'entreprise. Nous sommes dans la même barque, le même combat". 

Carole Blanchard avec les GG