"Magistrat a été la fonction la plus passionnante": Jean-Louis Debré révèle quel poste qu'il a préféré occuper durant sa carrière
Il a occupé une multitude de postes tout au long de sa longue carrière. Jean-Louis Debré a été ministre, président de l’Assemblée nationale ou encore président du Conseil constitutionnel. Pourtant, c’est le métier par lequel il a débuté qui reste encore aujourd’hui comme son meilleur souvenir: magistrat.
"Ça a été pour moi la fonction la plus passionnante. Parce que dans la vie on croise beaucoup de copies et très peu d’originaux et en politique j’ai croisé très peu de copies et très peu d’originaux et dans la magistrature comme juge d’instruction, j’ai découvert un monde qui n’était pas mon monde, avec ‘des gens qui sortaient de l’ordinaire’", explique-t-il.
En tant que magistrat, il a occupé de 1979 à 1986, la fonction de juge d’instruction à une époque marquée par le grand banditisme ainsi que le terrorisme. Un monde qui lui était inconnu et qu’il a appris à découvrir à travers différentes affaires.
"Moi j’étais le petit-enfant d’une famille bourgeoise, chez qui quand tu rentres après minuit les parents s’inquiètent, qui a vécu dans un monde aseptisé, et d’un coup, je rentre dans ce monde de violences. Je me souviens très bien d’un personnage dans une affaire, que j’ai interrogé pendant, je pense, une cinquantaine d’heures sans que jamais il n’ouvre la bouche parce qu’il ne peut pas et il ne veut pas collaborer avec le juge", se souvient Jean-Louis Debré.
L'affaire de la fondue suisse
Mais pour lui, la plus belle affaire qu’il aura eue à traiter, est celle qui l’a conduit en Suisse où il s’est rendu pour interroger une personne placée en garde à vue.
"J’assiste à la garde à vue du suspect, un gérant d’affaires et au bout d’une heure, il n’avait toujours rien dit. Alors le chef des carabiniers suisses me dis ‘est-ce que vous pouvez sortir Monsieur le juge, une seconde’. Donc je sors et il me dit : ‘Vous voulez qu’il parle le monsieur, mais vous savez qui c’est ? C’est le chef des gastronomes suisses alors vous allez lui mettre un mandat d’arrêt, il ne pourra plus sortir de la Suisse et il ne devra manger que de la fondue suisse’. Bien sûr, je lui dis que ça ne marchera pas, je rentre et je dis à ce monsieur, bon vous ne voulez pas parler donc moi, je retourne à Paris et je vous mets un mandat d’arrêt parce que vous êtes très impliqué dans ce dossier. Et là, il me dit: ‘ça ce n’est pas possible, je vais vous dire tout ce que je peux vous dire’", raconte l’ancien Premier ministre.
Un moment qu’il juge, des années après, toujours aussi extraordinaire.