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Obésité en hausse chez les ados: "Il y a un manque d’intérêt des pouvoirs publics pour résoudre cette problématique"

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Une étude révèle que plus d'un quart des adolescents français sont en surpoids. Un chiffre en hausse par rapport à 2009. Un médecin nutritionniste estime que le rôle des pouvoirs publics est important dans cette tendance.

Ce mercredi, le ministère de la Santé publie une étude sur le surpoids des adolescents français. Les chiffres avancent que 18,4% des 14-15 ans sont en surcharge pondérale et 5,2% d’entre eux sont obèse. En 2009, le taux des jeunes en surpoids était alors de 18,4% et 3,8% étaient obèses. À qui la faute ? Le problème est "transversal" explique Pierre Azam, médecin nutritionniste.

"On fait porter la faute au seul ministère de la Santé, c'est trop facile"

"C’est à la fois un problème du ministère de l’Éducation, du ministère de la ville - qui ne propose pas assez d’équipements pour que nos enfants puissent bouger - et du ministère de l’Agriculture qui doit faciliter le développement des produits à bas coût et à bon goût. Aujourd’hui, on fait porter la faute au seul ministère de la Santé, ce qui est trop facile".

Il pointe du doigt cependant le rôle de la ministre de la Santé, pas exempt de tout reproche à ce sujet. "Il y a un manque d’intérêt des pouvoirs publics pour résoudre cette problématique. Agnès Buzyn voulait réduire l’obésité en France de 15% d’ici 2023 (15% chez les adultes et 20% chez les enfants et adolescents, ndlr). Mais on n’a pas mis les moyens derrière, il n’y a pas de stratégie, de ligne directrice".

Faire plus de prévention ?

Pierre Azam estime que des choses simples peuvent être faites pour endiguer cette hausse. "On a besoin de faire de la prévention, de l’éducation. Par exemple, plutôt que de vouloir mettre du bio dans les cantines, il faut d’abord des enseignants qui sachent apprendre aux enfants ce qu’est un légume, une portion alimentaire, le goût, la cuisine… toute cette éducation est très importante".

Le rôle important des parents

Si l’État a donc plus que son mot à dire, le nutritionniste n’en oublie pas pour autant le rôle essentiel des parents. "Les parents doivent essayer d’extirper leurs enfants des écrans, de ne pas être eux-mêmes devant les écrans. 20% des enfants mangent devant la télévision, seulement 40% des parents reconnaissent que leur enfant fait du sport".

On est donc, pour lui, face à un problème global qui tire ses racines dans "une culture paysanne". "On est dans un système où on reconnait qu’il y a des problèmes d’obésité mais il n’y a pas de stratégie gagnante. La culture de notre population fait que l’on se tourne vers une alimentation riche et très sucrée. Et puis il y a derrière ça des propositions alimentaires qui sont disproportionnées par rapport à nos activités. Ce système n’est pas adapté à nos modes de vie".

Maxime Trouleau