Statut d'auto-entrepreneurs des chauffeurs Uber: "On opère depuis une dizaine d'années dans un flou juridique", reconnaît Laureline Serieys
C’est une période compliquée qu’ont connu comme d’autres, les chauffeurs VTC durant cette année de pandémie de coronavirus. Laureline Serieys, directrice générale d'Uber en France, a fait l’état des lieux de cette année écoulée dans le Grand Oral des Grandes Gueules ce jeudi.
"Ça a été une année très difficile. On a pu observer une baisse d’activité pas seulement en France mais à l’international qui a pu aller jusqu’à moins 90% donc ça a été terrible. Aujourd’hui pour la première fois depuis plus d’un an on est de nouveau content parce qu’on voit la reprise se profiler”, indique-t-elle.
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Uber en France et en temps normal, c’est environ 30.000 chauffeurs. La moyenne d’âge de ces derniers est de 39 ans. Et pour la plupart, ils sont en statut d’auto-entrepreneur. Une situation qui intrigue le fromager Johnny Blanc. “Si j’embauche un auto-entrepreneur et qu’il ne travaille que pour moi on va me dire que c’est du salariat déguisé et le statut tombe”, indique-t-il.
Si elle reconnaît que la situation juridique autour du statut des chauffeurs n’est pas hyper claire, Laureline Serieys explique qu’il n’y a rien d’illégal.
“Il n’y a aucun élément dans les contrats que l’on signe avec nos chauffeurs qui les obligent à ne travailler que pour nous. Ils ont la liberté totale du nombre d’heures qu’ils font avec nous, de quand il se connecte, de quand il se déconnecte. Donc de ce point de vu-là, c’est clair et transparent. On opère depuis une dizaine d'années dans un flou juridique. Uber fête ses 10 ans en France cette année. Le cadre juridique n’est pas encore très clair. Il existe aujourd’hui des chauffeurs qui vont devant les tribunaux et qui demandent la reclassification, c'est-à-dire le fait de devenir un salarié. Néanmoins dans la vingtaine de cas qui ont été jugés sur l’année écoulée, il y en a 17 qui ont conclu que les chauffeurs étaient des indépendants ou soit les conseillers des prud’hommes ne se sont pas mis d’accord et ont renvoyé l’affaire en départage”, assure-t-elle.
Une rémunération supérieure au Smic
Elle précise par ailleurs que la majorité des chauffeurs sont très satisfaits de ce statut.
“J’ai pris mes fonctions il y a un an. La première chose que j’ai faite c’est que je suis allé sur le terrain. J’ai passé deux mois à aller à la recherche des chauffeurs un peu partout en France. je suis allé à Toulouse à Bordeaux, évidemment à Paris et j’ai discuté avec eux. Quelques fois elles ont été animées mais sur les centaines de chauffeurs que j’ai pu rencontrer, je n’en ai pas un seul qui est venu me voir en me disant, mon problème principal avec Uber c’est que je veux devenir salarié. Quand on leur demande de manière statistique, 89% nous disent je choisis ce métier parce que je veux être indépendant”, explique-t-elle.
Sur la question de la rémunération, les chauffeurs ont un salaire qui se situe un petit peu au-dessus du SMIC. “En temps normal, le revenu horaire moyen versé au chauffeur était de 24,81 euros brut. Derrière le chauffeur a sa structure de coût. Et donc ça faisait une moyenne de 9,15 euros de l’heure net ce qui se compare au Smic qui est à 8,11 euros”, détaille-t-elle.
Et aux chauffeurs qui s’inquiètent d’une possible baisse des salaires, elle assure que ce n’est pas la tendance. Au contraire, elle assure même être prête à faire des avancées notamment sur la question des courses courtes.