"Un des endroits les plus violents du monde du travail": la souffrance humaine dans les abattoirs mise en lumière dans un livre
Un hommage aux ouvriers de la viande, qui triment en silence dans les abattoirs de France. François-Xavier Ménage publie "Les têtes baissées" (éd. Robert Laffont), un roman avec pour toile de fond l'univers d'un abattoir porcin en France.
Habitué au journalisme, ce grand-reporter du groupe TF1 explique ce mardi dans Les Grandes Gueules sur RMC qu'il a réussi à changer de registre pour raconter une histoire pour exprimer la souffrance de "ceux qui ne s'expriment jamais".
"Il y a 50.000 ouvriers qui se cassent l'esprit et le corps en permanence pour découper de la viande"
Il estime qu'il faut "aller vers ceux qui ne parlent pas", ceux à qui personne ne donne pas la parole, et si possible d'avoir à leur égard un peu d'empathie, en prenant exemple sur les ouvriers du monde des abattoirs.
"Je me suis dit qu'un des endroits les plus violents du monde du travail aujourd'hui sont les abattoirs. Il y a 50.000 ouvriers qui se cassent l'esprit et le corps en permanence pour découper de la viande."
"Le travail est si pénible que le soir, en rentrant à la maison, on n'arrive même pas à exprimer cette douleur"
Son livre ne traite donc pas de la souffrance animale, mais de la souffrance humaine liée à ce métier. Un travail à la chaîne éreintant pour l'âme et le corps.
Des problèmes physiques récurrents sont constatés chez les travailleurs, au niveau cutané, squelettique ou encore respiratoire, alors que trois-quarts des personnes embauchées quittent le métier avant la fin de la période d'essai.
"Un ouvrier sur deux connaît un accident du travail. C'est intenable. (...) A chaque fois, ce qui ressort, c'est que le travail est si pénible que le soir, en rentrant à la maison, on n'arrive même pas à exprimer cette douleur", assure François-Xavier Ménage, qui explique avoir pris appui sur de nombreux témoignages de la vie réelle pour ce roman, sans toutefois aller jusqu'à l'immersion.
Un hommage qui ne veut pas tomber dans le cliché: "Ce ne sont pas des héros, et le patron un gros connard, pas du tout. Les choses ne sont pas aussi caricaturales que cela", assure l'auteur.