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Violences policières: pourquoi Michel Onfray n'est pas allé à la manifestation pour Adama Traoré

Invité du "Grand Oral" des "Grandes Gueules", le philosophe a indiqué qu'il ne comprenait pas comment autant de personnes pouvaient être rassemblées alors que certains règles sanitaires dues à l'épidémie de coronavirus sont toujours d'actualité.

Prêt de 20.000 personnes étaient rassemblées mardi soir pour dénoncer les violences policières. Une manifestation organisée par la famille d’Adama Traoré, mort en 2016 après un contrôle de police. 

La manifestation, qui avait été, au départ, interdite par le préfet, a fini avec des incidents et les policiers ont dû user de gaz lacrymogène pour disperser la foule. 

Interrogé dans les Grandes Gueules, s’il aura pu prendre part à la manifestation, le philosophe Michel Onfray a indiqué que non, car il “respecte la loi”. 

“On n'a pas le droit d’aller sur des plages, on n'a pas le droit d’aller dans des restaurants et puis là en revanche, on a le droit de manifester. Ca veut dire qu’il n’y a plus de lois, plus d’Etat de droit? 
En plus, je pense qu’il y a une instrumentalisation de part et d’autre de tout ce qui a lieu. Il y a une justice, même si elle n’est pas forcément juste, il y a la Loi, même si elle n’est pas forcément toujours très éthique”, indique-t-il. 

Une "affaire idéologique"

Il estime que ce type d’affaire est très compliqué, car il y a des expertises qui se contredisent. Selon lui, il est difficile de juger par soit même. 

“On en a fait une affaire idéologique, et moi l’idéologie ce n’est pas mon affaire. Je préfère ne pas manifester. La dernière fois que j’ai dû manifester, c’était à la fac et je n’étais pas resté très longtemps parce que je n’ai pas l’instinct grégaire. On peut effectivement être déguisé, avoir un mégaphone et crier des slogans que d’autres ont écrit pour nous, mais ce n’est pas le genre de la maison”, affirme le philosophe. 

Cette manifestation, initiée par la famille Traoré, a eu lieu dans un contexte de mobilisation mondiale après la mort de Georges Floyd, tué par un policier aux Etats-Unis. Outre Atlantique, de nombreuses manifestations souvent violentes ont eu lieu ces derniers jours pour dénoncer le racisme dans la police. 

"Gachette facile"

Mais pour Michel Onfray, du racisme, il y en a partout: "La différence n'est pas une hiérarchie: la différence est une évidence".

"C’est une chose assez partagée. Il n’y a pas des endroits où ils y seraient tous et d’autres où il n’y en aurait pas du tout. Le problème là-bas, c’est que les armes sont en vente libre. C’est-à-dire que n’importe qui peut être armé et n’importe qui peut vous tirer dessus. Donc quand vous êtes dans une optique de légitime défense, vous avez tendance à avoir la gâchette un peu facile. 

Évidemment je condamne ça, quelqu’un qui est déjà entravé, on n'a pas besoin de lui mettre le genou sur le cou pendant huit minutes. Je comprends qu’ils aient la gâchette facile parce que tout le monde est armé, mais ce n'est pas une raison pour justifier le racisme”, affirme-t-il. 

Guillaume Descours