Le vin est-il un alcool différent des autres?
Le vin est-il un alcool comme les autres? Non, estime le ministre de l'Agriculture Didier Guillaume. A-t-il raison? Lorsqu'on s'intéresse au sujet, on tombe sur de très nombreuses études contradictoires sur l'alcool en général et les soi-disant bienfaits du vin. Mais l'année dernière, une étude du Lancet, une revue scientifique, a essayé de clore le débat. Ils ont mené ce qu'on appelle une méta-analyse, en reprenant les études sur l'alcool déjà publiées sur le sujet, qui couvrent 195 pays de 1990 à 2016.
Sans surprise, ils constatent que le vin est mauvais pour la santé. En fait, l’alcool en général que ce soit le vin, le pastis, la bière est dangereux, et ça, même à très faible dose. Selon l'étude, "le niveau de consommation qui minimiserait les risques pour la santé est de zéro". Et il faut rappeler qu'il y pratiquement la même quantité d'alcool pur dans un verre de vin que dans une dose de whisky.
Mais les résultats de cette étude ont été très critiqués par les revues spécialisées dans le vin. Au-delà du débat scientifique, l'idée selon laquelle le vin n'est pas un alcool comme les autres revient régulièrement dans la bouche des hommes politiques. Emmanuel Macron, lui aussi, avait préféré dénoncer les méfaits du binge drinking, c'est à dire boire beaucoup d'alcool fort très rapidement de temps en temps, plutôt que les risques liés au vin.
Juste avant le salon de l'agriculture, l'année dernière, il avait déclaré : "Il y a un fléau de santé publique quand la jeunesse se saoule à vitesse accélérée avec des alcools forts ou de la bière, mais ce n’est pas avec le vin".
L'influence des lobbies du vin
D'après le professeur Amine Benyamina, qui est aussi chef du service d’addictologie de l’hôpital Paul-Brousse à Paris, les lobbies du vin présentent l'éducation au goût du vin, comme si c'était un produit nécessaire, qu'il fallait apprendre à consommer. D'ailleurs, Audrey Bourolleau, une conseillère agriculture d'Emmanuel Macron est une ancienne lobbyiste du vin.
Une voix dissonante s’est déjà fait entendre à ce sujet au sein du gouvernement et qui rejoint les avis des scientifiques. La ministre de la Santé Agnès Buzyn avait déclaré sur France 2 en février dernier: "L’industrie du vin laisse croire aujourd’hui que le vin est différent des autres alcools. En terme de santé publique, c’est exactement la même chose de boire du vin, de la bière, de la vodka, du whisky, il y a zéro différence!"
La ministre ne nie pas que le vin fait partie du patrimoine français. En mars, elle est revenue sur le sujet et elle a expliqué qu'il y avait deux façons de voir la chose: soit on voit le vin comme un patrimoine, qui fait partie de notre savoir-faire. Soit on le voit en terme de santé publique, c'est l'alcoolisme avec 2,5 millions de personnes dépendantes.