Quelle était la dernière fois où des militaires français ont participé au maintien de l'ordre dans le pays?
En réaction aux débordements de samedi dernier pendant le dernier acte des "gilets jaunes", Benjamin Griveaux, le porte-parole du gouvernement a annoncé mercredi que des militaires du dispositif antiterroriste sentinelle allaient être mobilisés samedi prochain.
Est-ce qu’ils vont aider au maintien de l’ordre ?
Non, en fait ils doivent je cite les propos du porte-parole "sécuriser les points fixes et statiques". L’objectif, nous explique-t-on, est de remplacer les policiers et les gendarmes qui gardent des lieux précis par des militaires. De cette façon, les policiers et les gendarmes pour renforcer le dispositif de maintien de l’ordre pour la manifestation des gilets jaunes.
C’est un choix très critiqué
En fait, certains estiment voient ça comme une façon de céder à la demande des syndicats policiers qui voulaient le renfort de l’armée depuis le mois décembre. Des spécialistes ont alerté sur les risques que comportait ce choix.
David Dufresne, le journaliste qui tient le compte des gilets jaunes blessés depuis le début du mouvement a réagi en affirmant que c’était "Du jamais-vu en métropole depuis la guerre".
Du jamais-vu depuis la guerre en métropole?
Plusieurs chercheurs assurent que la dernière fois que l’armée a été mobilisée en métropole sur des missions de maintien de l’ordre, c’était au sortir de la guerre, en 1947 et 1948. En 1947, la France connaît plusieurs mouvement de grèves soutenus par le PCF pour dénoncer notamment l’inflation et le plan Marshall.
Le mouvement devient un peu trop “insurrectionnel” au yeux du ministre de l’Intérieur de l’époque, comme l’explique le chercheur Elie Tenenbaum. Et à l’automne 1947 puis à nouveau en 1948, il décide de faire appel à des troupes en plus du dispositif habituel, c’est-à-dire les CRS et les gendarmes mobiles.
Des missions similaires pendant la guerre d'Algérie
Depuis l’armée n’a plus été mobilisée pour assurer du maintien de l’ordre en métropole. Seulement après le passage de l’ouragan Irma à Saint-Martin, en 2017, Edouard Philippe avait déployé l’armée pour maintenir l’ordre, surtout contre les pillages.
En métropole, si on remonte dans le temps, le chercheur Jean-Marc Berlière expliquait au journal Le Monde en 2013 que pendant la guerre d’Algérie, l’armée avait joué un rôle statique en métropole ou des soldats étaient utilisés pour garder des sites sensibles, un peu comme le seront surement les patrouilles de sentinelle samedi prochain. Et en Algérie l’armée avait été mobilisée pour du maintien de l’ordre.
C’est donc assez exceptionnel. D’ailleurs le code de la Défense précise que les forces armées ne participent habituellement pas au maintien de l’ordre. Le texte différencie les gendarmes départementaux, les gendarmes mobiles (qui ont le statut militaire), et en dernier lieu "les formations terrestres, maritimes, aériennes", c’est-à-dire, pour faire simple, les soldats.
"Missions de protection"
Les soldats arrivent en dernier recours. Le code de la Défense précise que l’armée de terre, de terre et de l’air peuvent être réquisitionnées pour le maintien de l’ordre, mais qu’elles sont d’abord là pour "renforcer" gendarmes et policiers, pour remplir "des missions de protection".
C’est vraiment en dernier ressort qu’elle peuvent être requises pour des opérations de force nécessitant "des mesures de sûreté exceptionnelle". Ce qui ne semble pas être prévu pour l’instant pour samedi.
En résumé, la dernière fois que l’armée est intervenue pour faire du maintien de l’ordre en métropole c’était juste après la seconde guerre mondiale, en 1947 et 1948. Samedi, le dispositif antiterroriste sentinelle doit assurer la sécurité de points fixes pour libérer les forces de l’ordre.