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"L'islam ne peut pas être un étendard pour se venger de la société qui nous aurait rejetés"

Interrogé ce jeudi dans Radio Brunet sur les moyens de combattre l'islam radical, Abdelali Mamoun, imam et auteur de L'islam contre le radicalisme, manuel de contre-offensive (Ed. Le Cerf), estime, entre autres, que "les imams ont un rôle important à jouer".

"Tout d'abord, il faut préciser que la majorité écrasante des musulmans en France aspirent à vivre en paix, à vivre leur foi sereinement, sans qu'elle ne se trouve en contradiction avec leur devoir de citoyen. Mais cette communauté musulmane se sent-elle redevable vis-à-vis de la République d'agir pour combattre l'islam radical? Certains pensent qu'ils doivent agir quand d'autres pensent que ce n'est pas notre rôle, que c'est celui d'une élite, d'un encadrement musulman de faire ce travail. Notamment que c'est le travail des imams qui exercent leur fonction au sein des mosquées légales ouvertes dans l'espace républicain.

Effectivement, les imams ont un rôle important puisque c'est un devoir qui relève avant tout d'une question purement théologique, d'une instrumentalisation de nos références scripturaires, en l'occurrence le Coran et la tradition prophétique. Pour les radicaux, ces références sont utilisées comme un glaive pour combattre la société occidentale qu'ils considèrent comme l'ennemi de la religion. Pour les autres, au contraire, ces références doivent être un apport de richesses pour le pays dans lequel ils vivent.

Personnellement, j'essaye de passer un message tout azimut, de toucher un maximum de public. Il s'agit d'un message de paix. Il faut que les gens comprennent que l'islam ne peut pas être un étendard pour se venger de la société qui nous aurait rejetés. Effectivement, il y a un terreau (une misère sociale, un chaos familial…) à l'origine psychologique, sociologique de ces questions de radicalisation. Là encore, théologiquement, notre rôle, à nous les imams, est important. Nous nous devons donc d'intervenir".

M.R avec Eric Brunet