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Loi prostitution: le témoignage poignant de Rosen Hisher, ancienne prostituée, sur RMC

Invité d'Eric Brunet, la femme revient sur la violence dans le milieu de la prostitution en augmentation depuis de nombreuses années. Cependant, elle refuse de pointer du doigt, comme le font certaines associations, la loi prostitution votée en 2016 qui pénalise les clients de prostituées.

Le Conseil constitutionnel examine ce mardi un recours contre la loi d’avril 2016 qui pénalise les clients de prostituées. Ce texte a été déposé par neuf associations dont font parties Médecins du Monde et le Syndicat du travail sexuel.

La loi prévoit ainsi une amende pouvant aller jusqu’à 1500 euros et 3750 euros en cas de récidive. 

Pourtant, malgré la remise en cause par des associations, il s'agit d'une forme de protection pour les prostituées. C’est notamment l’avis de Rosen Hicher, qui a depuis fondé le mouvement des Survivantes.

Invitée d'Eric Brunet sur RMC, cette ancienne prostituée explique que cette loi protège dans les faits les prostituées mais n'endigue pas la violence dont ces femmes sont victimes, en hausse depuis des années: 

"J’ai commencé en 1988. La même année, j’ai failli mourir la nuque brisée par un client. En 1989, j’ai reçu des coups de carabine. En 1991, j’ai été violée. En 1999, j’ai encore failli mourir sous les coups. Et je peux en raconter comme ça" confie-t-elle. 

Du haut de son expérience, Rosen confie avoir vu une détérioration de la situation, bien avant la mise en place de cette "loi prostitution". Elle poursuit:

"Depuis 1995, à peu près, la prostitution est en augmentation et plus il y aura de personnes en situation de prostitution, plus il y aura de situations à risques. Et ça, ce n’est pas la loi: la loi, elle, protège. Moi quand j’ai commencé, il y avait une obligation de porter un préservatif et de ne pas embrasser. Plus les gamines commencent jeunes et moins elles se protègent parce qu’elles ne savent pas et parce que les clients demandent toujours plus. En 22 ans, j’ai vu la situation évoluer", affirme-t-elle. 

Elle raconte qu'elle travaillait près de six jours sur sept avec entre cinq et quinze clients par jour. "La prostitution est d'une violence extrême, mais c'est depuis 15 ans. Pas seulement depuis 2016", indique-t-elle. 

Guillaume Descours