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Pourquoi il n'y a pas de nostalgie de François Hollande à gauche

L'ancien président de la République publie un livre dans lequel il distille quelques piques aux responsables politiques qui lui ont succédé, mais semble bien seul quand il faut défendre son bilan à la tête du pays.

François Hollande revient avec fracas sur le devant de la scène. L’ancien président de la République sort un livre intitulé Les leçons du pouvoir (Ed. Stock) dans lequel il ne s’est pas privé de livrer son avis sur la situation politique actuelle. Après avoir transmis le pouvoir à son ancien ministre Emmanuel Macron en mai 2017, il estime que ce dernier n’est pas à la hauteur et trouve que ses réformes "creusent les inégalités".

L’ancien leader de la gauche a livré de nombreuses piques au cours de l’ouvrage, et en assure une promotion intense sur les plateaux de télévision. Toutefois, il semble assez esseulé après ses cinq années à la tête de l’Etat. Rares sont ses proches à avoir défendu son bilan publiquement depuis 2017.

"La gauche avait tout, elle n'a plus rien aujourd'hui. Elle sait qu’il y a un responsable: c’est François Hollande"

Invité de Radio Brunet, Tristan Quinault, chargé du suivi de la gauche pour Le Figaro, rappelle que même Olivier Faure, qui a été directeur adjoint du cabinet de François Hollande lorsqu’il était à la tête du PS, et récemment élu Premier secrétaire d’un parti en reconstruction, évite le sujet du bilan du quinquennat Hollande.

"Il ne va pas le défendre sur les plateaux, il n’en a pas envie. Car il voudrait incarner autre chose, essayer de reconstruire. Hollande ne s’est pas représenté, Hamon n’a fait que 6%, il n’y a quasiment plus de députés PS... C’est une famille qui est décimée qui ne peut pas être nostalgique de ce président. Ils avaient tout, ils n'ont plus rien aujourd’hui. Et ils savent qu’il y a un responsable: c’est François Hollande."

L'éditorialiste Eric Brunet rejoint cette analyse et estime que c'est "terrible" qu'il ne reste presque rien à retenir du quinquennat de François Hollande. "Il a dirigé la France pendant 5 ans et il n'y a pas de postérité, il n'y a rien. Il n'y a pas un socialiste pour citer de temps en temps dans les interviews une petite phrase de Hollande comme on le fait pour De Gaulle", remarque-t-il.

"On ne peut pas avoir tous les pouvoirs en 2012, puis rien en 2017 et considérer que c'était uniquement de sa faute"

De son côté, Benjamin Lucas, qui était président des jeunes socialistes durant le quinquennat de François Hollande, estime sur RMC que la responsabilité de l'échec est plus partagée, mais comprend qu'il n'y ait aucune nostalgie de sa présidence. 

"Aujourd'hui le PS est dans un déni de réalité de ce qu'a été ce quinquennat. On ne peut pas avoir tous les pouvoirs en 2012 et plus rien en 2017 et considérer que c'était uniquement la faute d'un bonhomme. Le PS aurait pu prendre à plusieurs reprises prendre des décisions pour dire à François Hollande que sa politique n'allait pas dans le bon sens, il ne l'a pas fait".

"La loi Travail, Sarkozy aurait pu la faire"

Concernant la nostalgie, celui qui est aujourd'hui engagé engagé auprès de Benoît Hamon (Générations) se permet d'illustrer son propos en comparant avec l'émotion que suscite encore aujourd'hui Nicolas Sarkozy chez les militants de droite. 

"C'est parce que Sarkozy faisait la politique de la droite, pour laquelle il avait été élu. Je la combattais, mais elle était cohérente avec ses propositions et son électorat. François Hollande a été élu par la gauche et a mené une politique en rupture complète (avec son programme). La loi Travail, Sarkozy aurait pu la faire, la déchéance de nationalité, c'est une proposition historique de l'extrême droite. Mais je ne suis pas pour l'accabler de tout, la social-démocratie s'écroule partout. Il a une forte responsabilité, mais ce serait réducteur de dire que ce n'est uniquement de sa faute."

François Hollande laisse tout de même à la gauche quelques mesures en adéquation avec ses valeurs, comme l'adoption du mariage pour tous, mais un bilan bien trop maigre pour susciter quelconque nostalgie.

J.A. avec Radio Brunet