Retour de jihadistes en France: "Pas d'établissements adaptés pour prendre en charge ces individus"
Faut-il s'inquiéter d'un éventuel retour en France de plus d'une centaine de jihadistes détenus actuellement par les forces kurdes? Le ministère des Affaires étrangères a confirmé ce mardi cette information de BFMTV, et étudie "toutes les options" y compris un retour en France, après l'annonce d'un retrait militaire américain prochain de Syrie.
Si aucune décision n'a été prise à ce stade, cela concerne environ 130 hommes, femmes et enfants sont détenus par les Forces démocratiques syriennes, une coalition arabo-kurde qui combat l'organisation jihadiste Etat islamique (EI) au côté de la coalition internationale antijihadiste dirigée par les Etats-Unis.
"Il faut qu’on soit en mesure de mettre en place des établissements spécifiques avec des moyens spécifiques pour gérer ce genre d’individus"
Ils pourraient ainsi être jugés en France, mais le pays est-il capable d'accueillir et de maîtriser ces combattants de Daesh?
Cela semble compliqué en l'état, avec notamment des risques de prosélytisme en prison qui existent bien selon Cédric Boyer, secrétaire local SNP-FO au centre pénitentiaire de Fresnes, qui a été surveillant dans l'aile dédiée aux détenus jihadistes.
Des systèmes sont en place contre la radicalisation en prison mais ne seraient pas adaptés à des combattants déjà aguerris, selon lui.
"Le Quartier d’évaluation de la radicalisation évalue le potentiel de radicalisation des personnes pour le réorienter en fonction de leur profil plus ou moins dangereux. Mais aujourd’hui, il n’existe pas d’établissement pénitentiaire adapté pour prendre en charge ce genre d’individus, ils sont déjà radicalisés vu qu’ils sont allés combattre aux côtés de Daesh en Syrie. Donc il faut qu’on soit en mesure de mettre en place des établissements spécifiques avec des moyens spécifiques pour gérer ce genre d’individus."
Le ministre de l'Intérieur Christophe Castaner a aussi noté mardi que ces jihadistes français détenus en Syrie seraient "libérés" après le retrait américain et pourraient vouloir revenir en France. Ces Français seront alors "immédiatement" remis à la justice s'ils reviennent en France.