"Ce n'était pas un accident": trois ans après le drame du Cuba Libre, les deux gérants du bar jugés pour homicides involontaires

Les victimes avaient entre 18 et 41 ans. Elles étaient notamment réunies pour fêter les 20 ans de l'une d'elles. L'incendie avait également fait 6 blessés graves.
Deux personnes, deux frères de 48 et 40 ans, le propriétaire et le gérant du Cuba Libre, comparaissent devant le tribunal correctionnel de Rouen ce lundi jusqu'au 17 septembre. Ils sont jugés pour homicides et blessures involontaires par violation manifestement délibérée d'une obligation de sécurité ou de prudence. Ils risquent 5 ans d'emprisonnement et 76.500 euros d'amende.
Les victimes "n'avaient pratiquement aucune échappatoire"
Il leur est reproché une série de négligences qui ont conduit au drame. Pour les juges d'instruction cela ne fait aucun doute: les victimes "n'avaient pratiquement aucune échappatoire". Cette cave de 24 m2 aménagée en boîte de nuit, sans autorisation, s'est transformée en piège.
Il est minuit passé quand les bougies du gâteau d'anniversaire enflamment instantanément le plafond et les murs du sous-sol. Ils sont recouverts d'une mousse insonorisant, extrêmement inflammable, les gaz toxiques qui s'en échappent causent la mort des victimes.
L'issue de secours est verrouillée, un "oubli" admet le propriétaire. L'escalier qui mène à la surface est trop bas et trop étroit: "inadapté à une évacuation rapide" expliquent les magistrats. Une série de négligences à laquelle doivent être confrontés les prévenus, explique l'avocate d'une famille de victimes. Au cours de l'enquête les deux frères ont exprimé des "regrets": l'un d'eux "aurait préféré mourir et être avec eux".
"Il y a deux coupables qui sont les gérants et il y a des irresponsables qui sont les autorités"
"Le procès du cœur, le procès de la peine n’existe pas, c’est une formalité. On va revivre une nouvelle fois le drame. Certains attendent ça pour faire le deuil, moi je pense que quand on perd un enfant, le deuil ne s’arrête jamais (…) Il y a deux coupables qui sont les gérants et il y a des irresponsables qui sont les autorités. Les gérants diront que c’est un accident mais c’est un accident provoqué parce que tout était là pour que ça s’enflamme. Il ne manquait que l’étincelle et elle est arrivée ce jour là donc ce n’est pas un accident. La deuxième chose que je reproche aux gérants c’est qu’alors que l’un d’eux avait la clé de l’issue de secours dans la poche, ils ont dit par trois fois aux pompiers qu’il n’y avait pas d’issue de secours. C’est intolérable".