Achat, location, rénovation énergétique, HLM... pourquoi l'immobilier est en crise?

Lundi, jour d'annonce. Le gouvernement doit dévoiler, à ce moment-là, 20 mesures issues du Conseil national de la refondation sur le logement (CNR). Des concertations ont eu lieu pendant plusieurs mois entre tous les acteurs du logement, des professionnels aux associations. Tous ont le même diagnostic: le secteur est en crise, il faut le relancer. En novembre, le ministre Olivier Klein lançait déjà l’alerte :
"On doit se mobiliser pour que le logement ne devienne pas la bombe sociale de demain"
Pourtant, il s'agit du premier poste de dépenses des Français, qui pèse de plus en plus lourd dans le portefeuille: un tiers des ressources d'un ménage part dans le logement.
Des problèmes pour acheter…
Première preuve de la crise : les Français ont de plus en plus de mal à acheter. La faute à la flambée des taux d'intérêt. En janvier 2022, ils naviguaient à 1,20 % en moyenne. En mars dernier, on a franchi la barre des 3 %, un niveau jamais atteint depuis neuf ans. Les professionnels s’attendent même à frôler les 5 % à la fin de l’année. Très concrètement vous avez perdu entre 20 et 25 % de pouvoir d'achat immobilier en un an.
Ces chiffres sont sans compter que le taux d’usure, fixé par la Banque de France: c'est le taux maximum au-delà duquel une banque ne peut pas vous prêter d’argent. Aujourd'hui, ce taux bloque de nombreux dossiers. Les plus modestes et les primo-accédants n’arrivent plus à obtenir le feu vert de leur banque. Au premier trimestre 2023, les nouveaux crédits accordés ont baissé de 30 %. C’est plus que pendant le premier confinement lié à la crise du Covid-19, plus – aussi - que pendant la crise financière de 2008.
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… et pour louer…
Si de plus en plus de Français ne peuvent pas emprunter, ça veut aussi dire qu’ils vont rester en location. Sauf que là aussi, lemet le marché en tension. Tous ceux qui reportent leur projet d’achat voire l’annulent restent en location. C'est moins de maisons ou d’appartements disponibles.
De plus, le secteur est confronté à un autre problème: l’interdiction de la location de toutes les passoires thermiques d’ici 2028 pour tous les logements dont le diagnostic de performance énergétique est en G ou F. Dans la grande majorité des cas, les propriétaires de ces logements ne font pas les travaux: ils préfèrent vendre et c'est donc encore moins de biens disponibles à la location.
… même en logement social.
Ce n'est pas mieux si on regarde le logement social: 2,3 millions de Français sont sur les listes d'attente, soit 100.000 de plus que l’année dernière. Sauf que l’offre n’augmente pas aussi vite. 125.000 logements sont construits chaque année. À ce rythme, il faudrait attendre 20 ans pour que les 2,3 millions de Français en attente obtiennent un logement. Preuve qu’il y a urgence à agir, alors que le nombre de mal logés et de sans-abris ne cesse d’augmenter lui aussi.