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Économie

"A deux doigts d'arrêter": la détresse d'un agriculteur obligé d'avoir un second travail pour vivre

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Des agriculteurs se sont mobilisés cette semaine face à la hausse des charges qui touche leur métier. Beaucoup décrivent une situation intenable et des salaires qui ne leur permettent plus de vivre. C'est le cas de Mathieu, éleveur de bovins dans le Gard à Mauressargues.

À un jour de l’ouverture du Salon de l’Agriculture, le monde agricole tente d’alerter le gouvernement sur les difficultés financières que rencontrent les agriculteurs. Beaucoup ne parviennent plus à vivre de leur métier faute de pouvoir se rémunérer. Ils se sont mobilisés mardi dans plusieurs villes de France pour réclamer une hausse de leurs salaires.

Exemple dans le Gard à Mauressargues, petit village de 300 habitants où travaille un éleveur de bovins installé depuis une dizaine d’années. Il n'en voit plus le bout.

Il y a 10 ans, Mathieu responsable de réseau d’eau potable, décide de changer de vie et de se lancer dans l’élevage bovin. Mais aujourd’hui alors qu’il est à la tête d’une exploitation de 40 hectares, il ne peut toujours pas quitter son emploi initial, faute de rémunération suffisante.

“Quand vous payez le gazole deux fois et demi plus cher, que les engrais ont été multipliés par quatre, la nourriture pour les vaches par trois… Tout cela ajouté, vous comprenez bien que le bilan comptable est vite fait”, assure-t-il.

Une situation pesante

Aujourd’hui, sa fille, Noa, titulaire d’un bac pro agricole voudrait reprendre la ferme familiale, mais elle est obligée de faire le même choix que son père et d’avoir un emploi à côté. “C’est beaucoup de tristesse parce qu’on ne peut pas se lancer dans le métier qu’on aime parce que pour manger à côté, il me faut un autre travail”, regrette la jeune femme.

Une situation qui touche profondément l’agriculteur qui veut pourtant encore y croire.

“Si je m’écoutais, je serais à deux doigts d’arrêter. Mais l’élevage ce n’est pas que moi. Il y a ma fille derrière, il y a ma femme, les amis… Un éleveur ce n’est pas qu’une seule personne. Si je tire un trait, je serai déficitaire et ce serait un échec total”, indique Mathieu.

L’éleveur se donne encore cinq ans avant d’arrêter ou non son exploitation.

Estelle Henry avec Guillaume Descours