Avec un livret A qui plafonne à 3%, les Français arrivent-ils encore à épargner?

Alors que le taux d'intérêt du livret A n'a cessé d'augmenter depuis l'an dernier, en raison de l'inflation, ce mois d'août siffle la fin de la récréation. Initialement révisée tous les six mois, l'ascension du taux d'intérêt du Livret A doit rester gelée pendant 18 mois, soit jusqu'en janvier 2025, à un montant de 3%.
En clair, l'espoir de voir ses économies rapporter un peu plus d'argent qu'en début d'année 2023 s'est définitivement envolé pour les épargnants français. Alors évidemment, à la question d'avoir leur avis sur ce gel du taux d'intérêts, les Français ne se montrent que très peu enthousiastes.
Déçu de l'interruption de l'augmentation des intérêts du livret A, Julien se décrit comme un "obsessionnel" des rendements bancaires."Quand le livret A a augmenté d'un point, de 2 à 3% on l'a rempli au maximum !", s'exclame-t-il dans une rue parisienne. Mais il l'assure, cela ne l'empêchera pas de continuer à épargner.
"Aujourd'hui avec l'inflation, les factures d'électricité qui sont plus hautes... j'épargne quelques centaines d'euros en plus par mois", assure Gilles, un jeune ingénieur qui rappelle que la période est incertaine.
Mais pour les plus petits salaires comme Marie, une quadragénaire en reconversion, la baisse du pouvoir d'achat a enterré cette vieille habitude d'épargner sur différents livrets.
"Autant j'arrivais encore il y a quelques mois à mettre de côté, autant là ce n'est plus possible", déplore-t-elle.
"J'essaie déjà de me limiter à ce que j'ai pour vivre sans piocher dans mon épargne mais je ne sais pas combien de temps je tiendrai… Et je réfléchis à ce qui serait plus intéressant à faire qu'un livret A en tenant compte de l'inflation, voir quels placements pourraient rapporter plus", analyse Marie, une Parisienne en reconversion professionnelle.
"Un signal" envoyé par le gouvernement
Car si le rendement du livret A reste pour le moment en dessous de l'inflation, c'est que le gouvernement veut relancer malgré tout la consommation des ménages, souligne Philippe Crevel, directeur du Cercle de l'épargne, un centre d'études et d'information sur l'épargne et la retraite.
"Le gouvernement envoie un signal", débute l'analyste. Selon lui, "à chaque relèvement du taux du livret A, il y a toujours un bond en matière de collecte. Cette fois-ci c'est le statu quo donc l'argent qui ne sera pas placé sur le livret potentiellement pourra aller sur la consommation", anticipe Philippe Crevel.
D'autant, précise l'économiste,que le second semestre est propice aux dépenses : les vacances, la rentrée... et Noël, déjà, en ligne de mire.
Au premier trimestre, en moyenne 18% des revenus des ménages étaient épargnés, soit trois points de plus qu'avant la crise sanitaire. Lors des six premiers mois de l'année 2023, pas moins de 26 milliards d'euros étaient placés sur des livrets A.
De son côté, la consommation, elle, était en baisse de 0,4% au deuxième trimestre de l'année.