Bruno Le Maire veut un budget à l'équilibre en 2032: le plan du ministre de l'Economie

Vaste programme. Après avoir annoncé 10 milliards d'euros d'économies, Bruno Le Maire voit encore plus grand. Dans une interview au Monde, le ministre de l'Economie veut un budget à l'équilibre à l'horizon 2032, un équilibre "que nous n'avons pas connu depuis 1974", rappelle-t-il.
· Simplification du code du commerce
Pour y parvenir, Bruno Le Maire veut simplifier et "diviser par deux" le code du commerce qui rassemble l'ensemble des lois et normes régissant les activités commerciales.
"Reprenons aussi ce qui a été fait il y a deux siècles, au moment du Consulat et de la codification du droit français. Simplifions le code du commerce. Personne ne peut connaître l'intégralité des 7.000 articles du code du commerce, donc tout le monde ignore la loi!", assure Bruno Le Maire.
"Je propose qu'avec le garde des Sceaux Eric Dupond-Moretti, nous réunissions des parlementaires, des spécialistes du droit et du commerce pour diviser par deux la taille de ce code d'ici à 2027. Mon administration aura recours à l'IA [intelligence artificielle] pour adapter l'information aux spécificités des entreprises", poursuit-il.
· Suppression des certificats Cerfa
Dans ce cadre-là, le ministre estime que "la complexité a un coût vertigineux en emplois comme en heures travaillées. Il faut alléger la charge mentale qui pèse sur les entrepreneurs", en supprimant les certificats Cerfa.
"Nous allons supprimer tous les Cerfa d'ici à 2030", assure-t-il au sujet de ces formulaires administratifs, indiquant que d'"ici à 2026", 80% d'entre eux "seront préremplis par l'administration". "Ensuite, nous les supprimerons définitivement".
· Pas d'augmentation d'impôts au programme
Le rétablissement des comptes publics ne passera pas par une augmentation des impôts, assure Bruno Le Maire: "Dans un pays qui a un des niveaux de pression fiscale les plus élevés au monde, c’est une impasse".
Mieux encore, le ministre de l'Economie promet un allègement des impôts pour les classes moyennes et pour les entreprises: "Il est légitime également de continuer à alléger la charge fiscale qui pèse sur les entreprises en poursuivant la baisse des impôts de production qui pénalisent notre industrie".
· Une imposition minimale contre l'optimisation fiscale?
Bruno Le Maire ne se dit pas opposé à "plus de justice fiscale au niveau international" pour lutter contre l'optimisation fiscale: "Nous avons toute légitimité pour porter le projet d’une imposition minimale sur les individus pour éviter toute optimisation fiscale", plaide-t-il.
· Protectionnisme européen
Face à la concurrence chinoise "de plus en plus interventionniste" et la concurrence américaine "de plus en plus protectionniste", le ministre de l'Economie estime que l'Union européenne doit "se battre à armes égales" pour "rester dans la course".
"Elle doit être capable d’investir davantage, de rééquilibrer les échanges commerciaux en tenant compte du fait que nos choix de production décarbonée et nos modèles sociaux sont plus coûteux", estime-t-il.
· "Le lepénisme est un nouveau marxisme"
A quelques mois des élections européennes, alors que les sondages donnent le Rassemblement national en tête des intentions de vote, Bruno Le Maire estime que "le lepénisme est un nouveau marxisme". "Toujours plus de dépenses, toujours moins de recettes. Qui peut être dupe?", tacle-t-il alors que le RN plaide aussi pour un rééquilibre des comptes publics.
Le ministre de l'Economie estime que le discours de Marine Le Pen, qui prône selon lui la nationalisation des autoroutes, la retraite à 60 ans et l’exonération d’impôt sur le revenu pour les moins de 30 ans, "s’élève à 120 milliards d’euros". "Les recettes, ce sont toujours les mêmes: taper sur les immigrés", ajoute-t-il.
"Nous voulons faire 16 milliards d'euros d'économie sur l'immigration, 10 milliards sur la contribution à l'Union européenne", reconnaît ce mercredi sur RMC et BFMTV Jean-Philippe Tanguy, président délégué du groupe RN à l'Assemblée nationale, qui déplore que le ministre de l'Economie n'aborde pas "le coût de l'endettement", les intérêts payés par les Français pour rembourser la dette.
"Avant 2027, 70 milliards des impôts des Français vont aller financer les intérêts de la dette au lieu de financer la défense, la santé et l'éducation", croit-il savoir.
"Et ça, c'est de la faute de Bruno Le Maire. S'il avait un peu de dignité, il démissionnerait", ajoute Jean-Philippe Tanguy. "Les mensonges de monsieur Le Maire sont au niveau de son incompétence".