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"C'est inexplicable": le Medef cible les arrêts-maladie des jeunes et le délai de carence

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Le patron du Medef a de nouveau ciblé les arrêts maladie, mercredi, évoquant une "dérive", notamment "chez les jeunes". Patrick Martin a notamment plaidé pour revoir le délai de carence, alors que les dépenses concernant la Sécurité sociale pourraient être de nouveau rabotées dans l'élaboration du budget 2026.

"Il y a une dérive des arrêts maladie, singulièrement chez les jeunes", a pointé du doigt le président du Medef Patrick Martin, mercredi, auditionné par la commission des affaires économiques de l'Assemblée nationale.

"Même s'il y a des vrais enjeux de santé mentale chez les jeunes, en comparaison des autres pays européens, c'est inexplicable", a-t-il poursuivi. Ce dernier a plaidé pour davantage de jours de carence, notamment pour les "arrêts maladie de courte durée qui ne concernent pas des pathologies lourdes".

"La dépense consacrée" en 2023 " à l’indemnisation des salariés du privé et des contractuels de la fonction publique atteint 10,2 milliards d’euros", selon une étude de la Drees et de la Cnam

"Les arrêts courts d’une durée indemnisée inférieure à huit jours sont de loin les plus fréquents et forment près de la moitié des arrêts indemnisés, ils ne représentent que 4 % de la dépense", relevait en décembre la Direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques (DREES) et la Caisse nationale de l’Assurance Maladie (CNAM). L'étude soulignait, pour autant, que "les arrêts maladie de plus de six mois représentent 7 % des arrêts indemnisés mais près de la moitié des dépenses".

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"Problèmes de management"

"Le phénomène est indiscutable et préoccupant", abonde ce jeudi sur RMC Olivier Babeau, président de l'Institut Sapiens (un think tank). "Les causes sont multifactorielles, il y a des problèmes de management, de relations au travail... Les arrêts maladie sont une façon de protester, de s'évader d'un endroit qu'on estime mauvais", affirme l'essayiste.

"Au cours des années 2010, la hausse du nombre total de journées indemnisées a été particulièrement marquée pour les salariés âgés, en lien avec l’allongement de leur durée d’activité. Sur la période récente (2019-2023), la hausse du taux de recours est aussi très marquée pour les tranches d’âge les plus jeunes", expliquait en décembre 2024 la Direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques (DREES) et la Caisse nationale de l’Assurance Maladie (CNAM). Mais, "en niveau, les 50-59 ans restent la population qui concentre le plus de jours d’arrêts maladie".

Les jeunes, tous des fainéants?

Olivier Babeau évoque un "soupçon", à savoir que "les plus jeunes auraient un rapport au travail" différent des "plus anciens". "Ils ne sont plus près à faire le même type d'efforts, les arrêts maladies permettent d'avoir plus de jours de vacances, c'est une façon de tordre le bras au système", croit savoir ce dernier.

Est-ce vrai? Pas forcément, à en croire une étude de l'institut Montaigne Les jeunes et le travail : aspirations et désillusions des 16-30 ans, parue mardi 29 mai. "Ce sont beaucoup d'idées reçues, les jeunes ne rejettent pas le travail", expliquait samedi sur RMC Olivier Galland, sociologue et co-auteur de l'enquête. Car si le "travail pour les jeunes n'est pas qu'un moyen de subsistance", la rémunération reste le "critère numéro 1".

Le gouvernement pourrait en attendant serrer la vis concernant les arrêts maladie pour son budget 2026. La première dépense publique du pays, c'est bien la dépense sociale, "avec des déséquilibres qui s'aggravent, notamment sur la branche de la maladie", a déclaré en avril le ministre chargé du Commerce extérieur, Laurent Saint-Martin. 

L'indemnité journalière rabotée depuis le 1er avril

La Cour des comptes préconise de son côté, dans un rapport publié en avril, à "repenser le champ des soins remboursés par l'Assurance-maladie obligatoire en fonction du revenu des assurés", comme l'écrivent les rapporteurs, ou encore un remboursement selon l'efficacité des traitements et des médicaments.

En attendant, depuis le 1er avril, l'indemnité journalière versée par l'Assurance maladie est égale à la moitié du salaire brut, plafonné à 1,4 Smic, contre la moitié du salaire brut plafonné à 1,8 Smic jusqu'à auparavant. Pour tous les salariés au-dessus de 1,4 Smic, la perte pourrait théoriquement aller jusqu'à environ 250 euros par mois (pour les salariés gagnant 1,8 Smic et plus). Le gouvernement Bayrou a également mis en œuvre depuis le 1er mars la réduction de 100% à 90% la rémunération des fonctionnaires en arrêt maladie.  

Léo Manson