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Budget 2026: la France "va devoir faire des efforts pour redresser les comptes publics"

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Alors que François Bayrou mène ce mardi une conférence pour sensibiliser aux difficultés budgétaires de la France, les oppositions s'inquiètent des coupes qui pourraient être envisagées pour le budget 2026. L'ancien magistrat de la Cour des comptes François Ecalle plaide sur RMC pour une réduction des dépenses publiques.

Le Premier ministre François Bayrou tient, ce mardi, une conférence publique pour sensibiliser les Français aux "pathologies" budgétaires du pays. Le ministre de l'Économie Eric Lombard a déjà annoncé, dimanche, "un effort supplémentaire de 40 milliards d'euros" l'an prochain pour atteindre l'objectif de déficit public de 4,6% du PIB en 2026.

Il ne faut pas s'attendre à des annonces immédiates, mais à minima au lancement de groupes de travail pour identifier les économies. La conférence servira "à la fois à dire où on en est et où on veut aller. Après, il y aura 3 mois, 3 mois et demi de mise au point, d'avancée vers des décisions", a expliqué François Bayrou au Parisien.

"Une pure opération de communication"

L'Association des maires de France (AMF) a décidé de boycotter cette conférence. "Il n'y a aucun ordre du jour, aucune réunion préparatoire, aucun document. Ça veut dire qu'en réalité, c'est une pure opération de communication, pour ne pas dire de propagande, de la part du gouvernement et non pas une réunion de travail", dénonce sur RMC André Laignel le vice-président de l'AMF.

"Il est clair que s'il continue à étouffer les collectivités territoriales, ça ne pourra pas fonctionner", ajoute-t-il.

Les collectivités locales sont dans le viseur du gouvernement qui souhaite réduire les dépenses publiques. D'où la colère des maires de France. "Les élus locaux hurlent. C'est toujours comme ça, mais on ne peut pas éviter de faire des économies sur les dépenses locales", remarque, au micro d'Apolline Matin, François Ecalle, ancien magistrat de la Cour des comptes et président de l’association Fipeco.

Les oppositions inquiètes

Ces 40 milliards d'euros d'économies souhaités par le gouvernement seront synonymes d'austérité et de coupes budgétaires selon l'aile gauche de l'Assemblée nationale. "Je n'aime pas les coups de rabot aveugles sans se poser la question de savoir ce que ça va avoir comme effet. Je vois bien qu'on veut toucher aux retraites, qu'on veut toucher à tout ce qui, aujourd'hui, permet aux gens de vivre dans de bonnes conditions", craint le patron du Parti socialiste Olivier Faure.

Les oppositions plaident plutôt pour renforcer la lutte contre la fraude fiscale et la fraude sociale et imposer les très hauts revenus. Ces propositions ne sont pas raisonnables ni suffisantes selon les soutiens du gouvernement.

"On ne peut pas être le pays européen où les déficits sont les plus importants", commente le député macroniste David Amiel.

Dépenser moins serait plutôt la bonne solution selon ce dernier: "Par exemple dans les dépenses de l'Assurance maladie, beaucoup ne servent pas la santé des Français. Il y a des grands abus par exemple dans le secteur des transports sanitaires. Je crois qu'il est important de pouvoir s'attaquer à un certain nombre de dépenses de la sorte."

Réduire les dépenses publiques

Un avis partagé par François Ecalle sur RMC. L'ancien magistrat de la Cour des comptes souligne que la France "va devoir faire des efforts pour redresser les comptes publics" et prévient que ce sera "douloureux".

"La situation s'aggrave, la dette publique ne fait qu'augmenter, de crise en crise, elle est sur une tendance croissante", alerte François Ecalle

La seule solution "pour faire des économies considérables", selon François Ecalle, est de "regarder les grands postes de dépenses publiques" pour les réduire. "L'année dernière, les dépenses publiques ont augmenté de 65 milliards, dont 25 milliards pour les seules retraites. Le quart des dépenses publiques, c'est les retraites, parce qu'on les a revalorisées de presque 6% au début de l'année", pointe le président de l'association Fipeco.

Ce dernier évoque notamment l'indexation des retraites sur un point de moins que l'inflation. Cela permettrait "3 milliards" d'euros d'économies "sur les régimes de base" et "4 milliards avec les complémentaires". Mais cela impacterait grandement "les retraités modestes". Autre solution envisagée par François Ecalle, "supprimer l'abattement de 10% sur les retraites" qui toucherait les retraités déjà imposés et pas les plus modestes.

Le gouvernement de François Bayrou fait face à un défi immense pour convaincre les personnes qui seront impactés. L'exécutif est condamné à convaincre ou à chuter. Sans majorité à l'Assemblée, il pourrait être renversé sur son projet de budget pour l'année 2026, comme le gouvernemnet de Michel Barnier en décembre dernier.

Cyprien Pézeril et Tanguy Roman Clavelloux